Trente-cinq années après la sortie du premier opus, George Miller, du haut de ses soixante-dix ans, repasse derrière la caméra pour un nouveau Mad Max après avoir erré quelques années dans l’animation, avec son oscarisé Happy Feet. Le réalisateur australien retrouve alors son héros Max Rockatansky pour de nouvelles aventures, qui ne sont en aucun cas dans la lignée des précédents volets de la trilogie d’origine, projeté Hors Compétition lors du dernier Festival de Cannes.
Solitaire hanté par son passé dans un monde post-apocalyptique, le héros se retrouve capturé par les War Boys du terrible Immortan Joe et se fait alors embarquer dans une dangereuse course poursuite, l’Imperatrice Furiosa ayant volé cinq objets bien précieux et irremplaçables à Immortan Joe qui envoie ses seigneurs de guerre arrêter l’Impératrice. Max va devoir s’allier à celle-ci pour retrouver son destin de solitaire.


Si le scénario de Miller parait assez superficiel en surface, il se révèle en fait beaucoup plus profond si l’on creuse un peu puisqu’il y fait une certaine célébration à l’être qu’est la femme, qui se place au-dessus des hommes. En effet, l’Impératrice Furiosa vole à Immortan Joe ses cinq femmes si précieuses à son cœur et enfermées à un unique destin de reproduction, indispensables à la survie de l’espèce humaine, et sans aucune once de liberté. C’est donc une femme qui fait avancer les choses et qui bouscule quelque peu le règne du tyrannique Immortan Joe, qui s’occupe néanmoins de son peuple face aux ressources limitées qui s’offrent à lui. La femme est donc célébrée à sa juste valeur, changeant grandement des habitudes hollywoodiennes d’aujourd’hui, même si on observe un certain changement dans le contexte actuel. Mais Miller chamboule tout et remet tout en place, faisant de la femme un être supérieur, fort et indispensable qui prend ainsi sa revanche devant tant d’injustices qui persistent encore aujourd’hui.


Sa réalisation est là pour en attester, Miller étant un véritable prodige en la matière. En effet, en deux heures de film, le réalisateur a détruit tout ce qui a été fait en matière de film d’action. Dès l’introduction du film, ce dernier est lancé à deux-cent à l’heure jusqu’au dénouement du film, et ce de manière absolument prodigieuse. Aucun moment de répit n’est accordé au spectateur, excepté au trois quart du film lorsque les héros font une découverte qui changeront le cours de celui-ci. Jamais l’on ne s’ennuie rien qu’une seule seconde, les cascades étant simplement ahurissantes et super réalistes grâce à un nombre limité d’effets spéciaux numériques. Le fait d’avoir opté pour une réalisation truffé d’effets spéciaux mécaniques était donc la manière la plus judicieuse de tourner le film, même si cela s’est soldé par un retard assez conséquent, l’immersion étant absolument totale pour le spectateur et le résultat bien plus impressionnant. Les personnages sont tous plus barrés les uns que les autres et donne, en plus des cascades et des effets spéciaux, toute cette folie qu’avait promis le film à travers ses bandes annonces hallucinantes.
La bande originale est absolument dingue et la photographie du film y est absolument magnifique, mêlant à la perfection les couleurs chaudes du désert ardent qui s’étend à perte de vue à la froideur du ciel menaçant et des pâles War Boys, les fameux sbires d’Immortan Joe. Le fait d’avoir converti le film en 3D offre ainsi une nouvelle palette de couleur, la 3D assombrissant l’image, ce qui permet d’offrir une nouvelle vision du film au spectateur. Celle-ci est parfaitement fluide, assez immersive, mais n’offre pas son lot d’effets spectaculaires bien qu’il y en ait quelques uns. Si vous voulez rendre l’expérience encore plus forte, optez pour la technologie D-BOX ou 4D, les sièges bougeant en fonction de l’action présente à l’écran, qui est ici totalement maitrisé, absolument formidable et la meilleure à ce jour, le film étant toujours à fond les manettes.


Mad Max : Fury Road est donc le film de l’année, en attendant Star Wars VI, où George Miller envoie valdinguer tous les codes des films d’action et réinventant totalement le genre, sachant se distinguer de l’action abusive et abrutissante des autres Avengers. Le septuagénaire est donc un véritable génie en matière de réalisation et y expose une morale très actuelle à propos des femmes, les replaçant à leur juste place dans ce monde monde quelque peu vampirisé par la dominance masculine. Du grand cinéma.

Lucas_Perrier
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le 27 mai 2015

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