Pour aller du présent au futur. Pour aller de la société de surconsommation à la gestion de la pénurie. George Miller réussit le film parfait dans le sous-genre royal du cinéma d'action – la course-poursuite automobile. Mad Max Fury Road est la synthèse de toutes les recherches visuelles artistiques et techniques élaborées depuis trente ans par George Miller dans le domaine exigeant et dangereux de la cascade automobile. Mais MMFR comme les autres Mad Max peut également se voir comme un film catastrophe prémonitoire. Je n'aime pas les documentaires catastrophistes et pourtant. Les experts prévoient un réchauffement qui serait de l’ordre de 3 °C à la fin du siècle si les politiques publiques n'évoluent pas. Que dire alors d'un scénario catastrophe où l’augmentation de la température atteindrait les 4 ou 5°C ? Il n'y aurait plus besoin d'aller en Namibie pour tourner une suite de Max le Dingue et notre président s'appellerait Immortan Joe !

Fury Road a les ambitions paradoxales d'être à la fois une référence absolue dans l'anticipation nihiliste et une référence dans le retour aux origines grâce à l'emploi néo-classique du Noir et Blanc. « Enlever la couleur instille quelque chose de plus abstrait dans le film… quelque chose de plus iconique » dixit George Miller dans l’introduction qui précède cette version. Iconique dans le sens où il délaisse avec pertinence les paysages désertiques pour privilégier les visages et l'humain; iconique dans le sens où il tutoie le classicisme. George Miller invite ainsi dans son univers Moïse guidant son peuple vers la Terre Promise dans les Dix Commandements, la Citadelle du Metropolis de Fritz Lang où vivent Immortan Joe et la classe dirigeante, le Sel de la Terre de Biberman quand les femmes reprennent la lutte à leur compte ou la Terre qui flambe de Murnau pour la malédiction liée au pétrole. Le tout avec la vitesse et la puissance des putains de moteurs V8 gonflés à bloc et avec l'efficacité d'un dark métal cinématographique.

Un petit aparté pour écrire que MMFR est le film qui m'a tenu le plus en haleine depuis au moins ces dix dernières années et qu'il m'oblige de sortir de ma zone de confort intellectuel en faisant une critique d'un film qui se vit plus qu'il se raconte. Je salue donc la photographie de John Seale et sa belle profondeur de champ et je vais répéter le plus incroyable - 80% des effets visuel ont été réalisés sans trucages numériques, sans les horribles fonds verts, et il a donc fallu une flotte de 150 véritables véhicules et une équipe de 150 cascadeurs dont Jacob Tomuri, la doublure de Tom Hardy pour Mad Max. Grâce à ce parti pris, on reste littéralement collé au siège comme dans un Roller Coaster où on jouerait sa survie pour de vrai face à la barbarie.

Enfin je n'oublie pas de mentionner que le film dénonce les violences faites aux femmes et que la vraie héroïne est la magnifique Charlize Théron, brutale et protectrice, en Imperator Furiosa.

En conclusion je soulignerai pour une 1000ème critique sur SC la puissance et la précision des visuels de MMFR, le plaisir qu'il procure, et je ne peux que conseiller de le voir ou le revoir sur grand écran et dans la version Black and Chrome si vous en avez l'opportunité.

Zolo31
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le 28 avr. 2023

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