Une réécriture de l'évangile subtile et géniale, où le folklore japonais explore sa spiritualité en regard du christianisme. Ogin est prise dans une tragédie heureuse au bout de laquelle elle trouve l'amour, le bonheur et la vérité. Elle est la synthèse de la dévotion japonaise traditionnelle de son père et la dévotion chrétienne de l'homme qu'elle aime : elle les synthétise et en même temps elle les accomplit, parce que c'est elle qui réalise avant eux le sacrifice final. La fin est une réécriture à la fois de la passion du christ et du seppuku samouraï, sans jamais citer de manière grossière ses références, et sans perdre de vue l'objet premier du film : l'émancipation féminine contre le verrou masculin du Japon impérial. Il y a du génie dans la réalisation, qui ménage à la fois une tension dramatique dans cette intrigue domestique jamais ennuyeuse et une tension critique qui permet d'explorer ce dialogue spirituel profondément juste. Mademoiselle Ogin est à jamais dans mon Panthéon.

PretiumAmoris
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films - 2023-2024

Créée

le 9 avr. 2024

Critique lue 8 fois

PretiumAmoris

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur Mademoiselle Ogin

Mademoiselle Ogin
ArthurDebussy
9

Kinuyo Tanaka, l'affranchie

Merci à Carlotta, à Lili Hinstin, au Champo et à toutes les parties prenantes qui ont permis que le projet de faire connaître Kinuyo Tanaka en France voie le jour ! Réalisatrice de l'âge d'or du...

le 19 févr. 2022

12 j'aime

10

Mademoiselle Ogin
Cinephile-doux
8

Le goût du thé amer

Le dernier long-métrage réalisé par Kinuyo Tanaka, et le seul en couleurs, nous transporte dans le Japon féodal, au temps de la persécution des chrétiens (fin du XVIe siècle). L'histoire est limpide,...

le 15 févr. 2022

4 j'aime

Mademoiselle Ogin
bougnat44
6

De la difficulté d'être chrétien au Japon

Un scénario classique, d’après le roman éponyme (1956) de Tōkō KON, celui du triangle amoureux et se déroulant entre 1587 et 1591 : Ogin (22 ans), amoureuse d’un samouraï, Ukon (27 ans), chrétien...

le 18 janv. 2023

2 j'aime

Du même critique

La Petite
PretiumAmoris
2

Poncif woke

Scénario écrit avec les pieds, où on accumule tous les lieux communs du thème, depuis la sociologie misérabilisante de la mère porteuse jusqu'à la critique convenue de la morale catho. Au final, les...

le 20 avr. 2024

La Chair et le Sang
PretiumAmoris
9

Du Moyen-Age matérialiste

Film très cru qui joue avec tous les clichés du médiévalisme dans une veine naturaliste bien pensée. Parfois un peu complaisante, la vulgarité et la gueuserie servent ce film ancré dans la chair et...

le 19 avr. 2024

Mademoiselle Ogin
PretiumAmoris
10

L'apothéose d'Ogin

Une réécriture de l'évangile subtile et géniale, où le folklore japonais explore sa spiritualité en regard du christianisme. Ogin est prise dans une tragédie heureuse au bout de laquelle elle trouve...

le 9 avr. 2024