Concessions intimes
A star is born, qui marquait le passage de Bradley Cooper à la réalisation, lorgnait déjà du côté de l’âge d’or Hollywoodien : remake d’un classique déjà multi-adapté, ample incursion dans les...
le 21 déc. 2023
33 j'aime
Voir le film
Après le succès retentissant de son premier long-métrage A Star is Born, Bradley Cooper revient derrière et devant la caméra. C’est sur la plateforme Netflix - ou pour les chanceux, sur grand écran à la Mostra - que le réalisateur et acteur américain fait son retour. Projet longtemps lié à de grands noms comme Martin Scorsese ou Steven Spielberg (qui finiront producteurs du film), Maestro est un biopic sur la vie de Léonard Bernstein et de sa relation avec son épouse, l’actrice Felicia Montealegre.
Si ce projet semble comme une évidence outre-Atlantique, c’est loin d’être le cas chez nous. Leonard Bernstein était un compositeur, chef d'orchestre et pianiste américain fils d’immigrés juifs ukrainiens. Cherchant à s’émanciper d’un certain académisme, il acquiert rapidement une grande réputation de par son caractère enthousiaste et ses idées révolutionnaires. Il écrit notamment la partition de West Side Story, monument de la comédie musicale américaine, tandis qu’il dirige de nombreux orchestres prestigieux.
Cependant, Bradley Cooper décide de ne pas faire le simple récit du parcours fulgurant de son protagoniste.
En effet, dans Maestro, il est bien plus question de l’homme que du compositeur. Plus particulièrement, de sa relation à sa femme Felicia et de son rapport à la musique. Si cet angle peut sembler contradictoire avec la forme du film biographique, Cooper évite alors le piège de la forme esseulée du biopic américain de ces dernières années.
De ce fait, Maestro est un biopic qui resserre son sujet sur l’humain, (d’où l’utilisation fréquente de plans taille, mais toujours innovants). Comprendre Leonard Bernstein c’est avant tout comprendre la passion qui l’anime, la musique. « Tu as reçu un don » lui dit Felicia. Néanmoins, ce don Lenny le ressent bien plus comme un fardeau. Il trouve bien plus de réconfort dans sa relation aux autres, primordiale dans sa vie. Bernstein, au-delà du génial compositeur, était un homme prisé de la scène médiatique américaine.
Car si la relation du compositeur avec sa femme est le point central du récit, c’est bien parce qu’elle est indispensable pour tenter de saisir la personnalité complexe de son protagoniste. Toujours en train de séduire un auditorat, un public télévisé, des élèves, Bernstein délaisse le foyer familial pour s’épanouir dans d’autres relations. Et c’est ce rapport à l’altérité que tente d’explorer Bradley Cooper. A la fois dans son interprétation, pleine de douceur, et sa mise en scène précise. Il faut aussi saluer la présence scénique époustouflante de Carey Mulligan (aussi à l’affiche de Saltburn, sorti comme Maestro en fin d’année) et qui s’en sort tout aussi bien que son partenaire à l’écran.
Maestro est un film dramatique qui s’inscrit dans la lignée du classicisme hollywoodien. Si il s’en écarte quelque peu dans la forme - la mise en scène s’autorise beaucoup d’effets de style, comme des plans séquences sporadiques - on sent l’influence qu’a pu avoir la collaboration avec des réalisateurs comme Clint Eastwood *(American Sniper, La Mule…). *
Cooper privilégie la mise en avant de son récit tout en s’autorisant des envolées lyriques appréciables. Aussi, la scène de l’orchestre dans l’Eglise est une merveilleuse synthèse entre divertissement et film d’auteur.
C’est à travers l’incarnation de son personnage et la monstration de ses tourments que Bradley Cooper tente de narrer l’existence de Leonard Bernstein. Ne vous attendez pas à avoir une liste de faits d’armes du compositeur, pour ça vous avez Wikipedia. Maestro fait le pari d’un film centré sur le relationnel de ses personnages, de leur humanité. Bien que le film ne soit pas parfait, il comporte bien les défauts d’un second long métrage. Maestro est un drame captivant qui tient en haleine son spectateur pour peu qu’on adhère à la démarche de son réalisateur.
Rideau.
Créée
le 11 janv. 2024
Critique lue 110 fois
3 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Maestro
A star is born, qui marquait le passage de Bradley Cooper à la réalisation, lorgnait déjà du côté de l’âge d’or Hollywoodien : remake d’un classique déjà multi-adapté, ample incursion dans les...
le 21 déc. 2023
33 j'aime
7.5: Docteur Genius & Mr LoveLeonard Bernstein dit Lennie a fortement influencé la composition musicale du XXÈME siècle. Sa rencontre avec sa Muse Felicia, la famille qu’ils créent... et...
Par
le 18 déc. 2023
10 j'aime
2
Leonard Bernstein épouse Felicia Montealegre qui fut une actrice de théâtre et de télévision renommée dans son pays, le Chili. Pendant trente ans, elle sera un soutien pour son mari. Il s'aiment, ont...
le 16 sept. 2023
4 j'aime
2
Du même critique
Annoncé à peine quelques jours avant sa sortie salle, (et donc la réouverture des cinémas) Le Dernier Voyage de Romain Quirot avait surpris et en même temps fasciné de par son affiche aux couleurs...
Par
le 23 mai 2021
9 j'aime
1
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, la fin tonitruante des deux derniers films Avengers marquait l’achèvement du Marvel Cinematic Universe. Et je dois être honnête, à part quelques films pour qui j’ai de...
Par
le 21 juil. 2021
6 j'aime
1
Les récents films de super héros me donnaient presque raison de me méfier de la conclusion de la saga des Gardiens de la Galaxie. Il n’y a qu’à voir l’overdose de contenu que nous propose le MCU de...
Par
le 3 mai 2023
4 j'aime
3