Magic Mike par TheGreatGatsby
Soderbergh est un cinéaste déroutant, multiple et multi-facettes, capable de tous les cinémas, du plus grand public (Ocean Eleven) au plus expérimental (Bubble). Avec Magic Mike, il renoue avec son cinéma moraliste et filme une Amérique déjà aperçue dans Erin Brockovitch ou Traffic. On y retrouve son style documentaire, sa photographie jaunâtre et ses personnages au caractère bien trempé, grain de sable dans le système.
Magic Mike raconte l’histoire de deux destins croisés, celui de Magic Mike, strip-teaseur star de sa boîte de nuit, qui aimerait bien passer à autre chose (la confection de meubles vintage entre autres idées bizarres), et celui d’Adam, dit le Kid, jeune type gentil mais un peu paumé, prêt à croquer tout ce qu’il peut. Le premier va donc aider le second alors qu’il suit une voie opposée. Un déjà-vu du cinéma américain, entre histoire d’amitié et d’initiation.
De cette trame classique, Soderbergh tire un film efficace, à la fois élégant et cool, moraliste sans être moralisateur. Son approche documentaire lui évite de faire des shows le centre du film : les numéros sont le plus souvent filmés depuis le public et Soderbergh multiplie les contre-plongées, évitant les effets de montage racoleurs. Même la musique semble provenir de la boîte de nuit et non pas boostée après coup. Cette absence de surenchère rend crédible l’histoire d’amour qu’il installe entre Mike et Brooke et l’ascension rapide du Kid dans ce petit milieu.
Magic Mike ressemble parfois à l’excellent Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, mais sans la grammaire cinématographique un peu lourde que le réalisateur de Magnolia avait piquée au Casino de Scorsese. On y retrouve la même tentative moraliste de dresser le portrait d’un milieu et d’une troupe, de son ascension à sa chute, mais là où Boogie Nights usait de l’ampleur (l’histoire se déroulait sur 2 décennies), Soderbergh reste modeste, en accord avec son sujet (le milieu du strip-tease masculin), choisissant de limiter le film à quelques mois (trois, il me semble).
Une réussite de plus dans la filmographie de Soderbergh.