Je me souviens de... « Jingle bells, jingle bells, jingle bells ring... jingle bells ring... jingle bells ring... (la suite en yahourt)... Jingle bells raaang ! » mais aussi la musique utilisée pendant les poursuites, ainsi que le « calibre 12 » à la télé. La première raison est que j'enregistrais tout ça sur cassette quand j'étais petit (ainsi que pour Sacré Robin des Bois et Le Dernier des Mohicans), et l'écoutais en boucle (répliques et musiques préférées) dans la voiture de mon père, vers mes 10 ans environ. C'était une ritournelle rassurante, pêchue, puissante même, qui m'a donné le goût de la monomanie et de l'excellence (en musique surtout, puisque ça m'a empêché d'être un journaliste musical apprécié par les jeunes groupes, pendant toute l'année où j'ai eu à assumer ce rôle, jusqu'en novembre dernier). C'était aussi une évocation des images, bien sûr : je revivais le film de cette façon, en tentant de me souvenir de toutes les actions qui coïncidaient avec les bruitages. Il n'y a pas un âge de ma vie où j'ai plus été mis face à l'imperfection de la synchronisation entre les bruitages et les images d'un film... mais je ne me posais pas la question. Je me contentais de dériver gentiment et inconsciemment au fil des bandes sons vers des territoires obscurs, où l'on pèse ses mots et ses intonations, que ce soit pour le dialogue ou pour la musique, puisque la seconde était aussi illustrative. Certainement que cela m'a rendu plus sensible à l'interprétation des films, aux spoofs en tous cas : des fausses bandes annonces où Mary Poppins devient méchante parce qu'on a sorti les images de leur contexte. En effet, si on prend des éléments d'un film séparément, ils ont plus de force et à les prendre à pleine acuité, on les trouvera sans doute antagoniste : tel regard hystérique sur lequel on a plaqué une musique et un montage de comédie, tel jeu d'acteur fatigué avec un doublage enthousiaste, etc.

A ce titre, les souvenirs qui me restent plus généralement sur ce film constitutif de ma personnalité sont liés à Kevin (Macauley Culkin), sa frimousse d'ange, ses inquiétudes autant que sa malice... et surtout la limite entre ces deux sentiments. On pourra d'ailleurs constater à ce titre que cette suite utilise les mêmes ficelles que l'original : Kevin établit un plan composé d'un ensemble de pièges pour se protéger de deux voyous (dans l'original, il protégeait sa maison du vol face aux deux mêmes loufiats dépenaillés – incroyablement cliché, non ?). Cependant, comme c'est Kevin qui est en danger et qu'il tient à remettre les deux lourdauds derrière les barreaux, qu'il est dans une ville qui lui est étrangère avec une carte de crédit volée, ça le responsabilise énormément et c'est d'autant plus fun ! On a l'impression qu'il a grandi, et maintenant Kevin part à la découverte des plaisirs du monde, qu'ils soient fallacieux car liés à l'argent qui viendra à lui manquer (l'hôtel de luxe, le grand magasin...) ou plus nobles car venant du cœur – gratuits ( l'opéra, l'amitié de la femme aux pigeons, ou encore l'explosage de voyous à la machine à clous...). Bon, certes, il y a sans doute plein de choses que j'ai oublié (mais PAS Tim Curry en succulent majordome dont le sourire devient par morphing celui du chat tigré d'Alice au Pays des Merveilles), mais rien que pour tous ces bons souvenirs là, c'est une vraie leçon de choses et je suis très fier d'avoir été marqué par ce film.
Jonathan_Suissa
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le 20 déc. 2010

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Jonathan_Suissa

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