Man of Steel ou le sous-Batman Begins

Après que Superman Returns, film jouant beaucoup sur le coté kitsch / nostalgique mais loin d’être mauvais en soi, fut un échec en terme d’entrées en 2006, une refonte totale de la licence s’est opérée jusqu'à aujourd’hui pour moderniser le plus possible l’univers de l’icône des Comics. C’est donc en 2013 que l’homme d’acier revient en grande forme et prêt a littéralement démolir les fondations des précédents film afin d’établir une nouvelle trilogie en posant de solides bases.

A la vue des superbes bande annonces qui tiennent simplement du chef d’œuvre, non seulement au niveau du montage mais au niveau des émotions qu’elles procurent grâce à un dosage parfait de scènes en tout genres, et de la superbe bande son signée Hans Zimmer, on s’attendais vraiment à une réussite immédiate pour le film. Malheureusement, et c’est triste a dire, c’est loin d’être le cas… En effet, bien que le film possède son lot de bonne surprises, il y a tellement de choix incompréhensibles qu’il est difficile de ne pas ressortir sans une pointe de déception, même pour moi qui suis en général bon public. Avant de me faire fusiller par les fans de la première heure du dernier bébé de Zack Snyder, que j’ai quand même apprécié sois dit en passant, je vais tenter d’être le plus constructif possible dans ma critique et dans l’énumération des différents points que j’ai trouvé décevant.
Le premier, et le plus flagrant à mes yeux, c’est le choix du montage. Pourquoi diable après une si belle introduction (sublime est le mot qui convient) faut-il que le film se perde dans un enchainement de scènes sans ordre chronologique particuliers ?! La majorité du film se passe dans le présent, alors qu’on s’attendais justement a voir grandir notre héros au fur et à mesure des scènes. Alors d’accord, j’ai entendu dire que Zack Snyder voulais de ce fait passer directement au personnage adulte sans vraiment passer par la case jeunesse et à la découverte des pouvoirs puisqu’il considère que nous connaissons déjà comment il en est arrivé là. A ce moment là, pourquoi s’efforcer de recréer des bases, si c’est pour bâcler tout le début du film qui suit l’introduction ? Mais selon moi, le fait de voir Clark pour la première fois directement à l’âge adulte, et d’ajouter quelques flash back de sa jeunesse ça et la, casse toutes formes d’implication émotionnelle, et surtout pour la suite…
En résulte un film dont on est juste spectateur (vous me direz, c’est le but du cinéma) mais qui rate sa tentative de nous immerger dans les tourments et dilemmes du personnage, et le pourquoi du comment il en est arrivé là. De même, l’enfance du héro, évoqué uniquement sous forme de flash back, n’apporte finalement pas grand-chose à la construction du personnage. Le montage et le choix des flash back casse donc, selon moi, et je me répète, toute forme d’implication émotionnelle, car au final nous ne nous sentons pas réellement investis dans la quête du personnage, si bien que lorsque le grand dilemme s’offre à l’homme d’acier, cela ne nous fait ni chaud ni froid…
Quand je pense que Christopher Nolan et David S. Goyer ont coécris le film, je me demande s’ils n’ont pas juste été payés pour ne rien faire ?
Certaines scènes à caractères émotionnels paraissent sur jouées et semblent être une tentative maladroite de soutirer de force des émotions au public. En effet, rien ne se fait naturellement dans ce film, on à l’impression que l’on nous dit constamment ‘tiens, voila un flash back triste, tiens ici voici une scènes de castagne, et puis encore un flash back, et puis encore une scènes de castagne, et tiens entre temps 2-3 pauvres dialogues ». Ces pauvres dialogues qui n’ont d’ailleurs qu’un seul but, être simplifiés au maximum pour enchainer directement sur une scènes d’action, sont donc inutiles et décevants. Voila pourquoi rien ne semble naturel, ni la progression, ni les dialogues.
Autre point décevant, les scènes d’action. Bien que superbes et nerveuses au demeurant, elles finissent vite par devenir répétitives et très brouillonne, si bien que l’on commence à lâcher prise et à prier pour que l’image se stabilise, histoire que l’on sache enfin ce qu’il se passe à l’écran. Moi qui était littéralement bouche bée en regardant la bande annonce, cela me désole de dire que je n’ai rien éprouvé au cinéma, pas le moindre frisson. Et pour cause, 40 dernières minutes d’action non stop où le scénario est carrément mis de coté. C’est de la baston sans émotions.
D’autre part, l’humour et la romance dans le film sont deux points que je considère comme essentiel à l’établissement de base pour un film d’une telle ampleur. A mon grand désespoir, ces deux aspects ont été zappés au profit de trop nombreuses scenes d’actions. Qu’en résulte-t-il ? Eh bien tout simplement le fait que le héro nous paraisse trop froid au final, quand en temps normal la romance et l’humour doivent permettre de casser toutes distances avec le personnage principale, et nous faire prendre d’affection pour ce dernier. Dans Man of Steel, il n’en est rien car ces deux aspects sont à peine traités, on y retrouve 2 à 3 phrases somme toute souriantes dans le film, et une romance maladroitement mise en scènes qui se perd dans des chemins trop brumeux et ne remplis pas sa part du contrat. On aurait espéré mieux pour un couple iconique tel que Lois et Clark !
Enfin entre autre, j’ai trouvé les relations pères-fils mal exploitées, le Général Zod presque passé inaperçu face à sa sbire (loin d’être déplaisante) lui volant la vedette, et l’utilisation de la 3D complètement ratée.

Malgré tout, le film possède tout de même pas mal de points positifs, comme la bande son d’Hans Zimmer, que le mot épique semble être le plus apte à définir. La tentative de recréer un nouveau background pour Superman tiens la route et est même assez rafraichissante je dois dire. La suppression du slip rouge, summum du kitsch, est une très bonne trouvaille et le costume parait beaucoup plus sobre et « plausible ». Cela donne du peps au personnage et confère une vision moderne et dépaysant à ses origines.
Si l’on ne tiens pas compte des choix de montage, la mise en scènes reste très stylisée, comme tout les précédents films de Zack Snyder. L’aspect esthétique est très soignée et superbe, les clins d’œil à la mythologie DC sont appréciables, les acteurs sont toujours au top, mention spéciale pour Russel Crowe qui insuffle quelque chose d’épique et de cool au personnage de Jor-El, et Michael Shannon, toujours aussi bon dans les rôles de psychopathes, ici dans le rôle du Général Zod. Concernant Henry Cavill, bien que le charisme soi au rendez-vous, son interprétation de Clark Kent / Superman semble encore un peu timide, mais pourra sans problème s’affirmer dans les prochain opus, avec plus de maturité.
Enfin dernier point positif, et c’est d’ailleurs le point le plus important du film, car comme je l’ai dit plus haut 40 minutes y sont entièrement consacrées, les scènes d’action. Au risque de me répéter avec la critique des points négatifs cité plus haut, je dirais qu’ils sont, malgré tout, foutrement bien foutus, si je puis dire. Zack Snyder à vraiment fait du Zack Snyder de ce coté la! C’est un bac à sable géant, et ça nous fait revenir en enfance. Il est intéressant de se dire que la frontière entre le réel et la fiction va de plus en plus s’amincir dans les blockbusters à venir grâce à l’évolution constante des technique d’effet spéciaux et plaisant de se dire que Man of Steel aura fait indéniablement parti des film qui auront contribué à dépasser cette limite.

En conclusion, que dire de ce Man of Steel ? Eh bien que c’est un Superman décevant dans l’ensemble, dont les choix de traitement de la forme et du fond pourraient grandement frustrer autant les fans de la première heure que les néophytes, mais qu’au final, ça reste un très bon divertissement servi par une avalanche d’effets spéciaux et une bande son épique, ainsi qu’une bonne base pour une trilogie qui promet.