Ce film tire son scénario pour l'essentiel du roman du même nom de l'écrivain américain Kurt Vonnegut, livre paru en 1961; ce qui apporte un éclairage tout particulier à l’œuvre du fait de l'expérience vécue par cet auteur durant la seconde guerre mondiale. En effet Vonnegut, jeune soldat américain fait prisonnier par l'armée allemande pendant la bataille des Ardennes en décembre 1944, se retrouva à Dresde en février 1945 sous les bombes américaines, lors de l'un des plus terribles et inutiles massacres de civils de cette guerre. On retrouvera le récit de cette expérience pour le moins traumatisante dans son roman Abattoir 5 dont George Roy Hill tirera également un film fort intéressant.
Se retrouvant parmi les rares survivants au milieu des ruines, on comprendra que Vonnegut eut désormais une certaine exacerbation de son sentiment de l'absurde de la destinée humaine que l'on retrouvera dans la plupart de ses livres. Ce sentiment semble bien être également la clé indispensable pour comprendre l’œuvre présente.
Un écrivain et dramaturge américain établi et marié en Allemagne dans l'avant-guerre se trouve sollicité à travailler pour les services d'espionnage américain dans le cadre d'interventions radiophoniques vers les États-Unis, au service de la propagande nazi sous les ordres de Goebbels. Et c'est là toute l’ambiguïté de son rôle qui, tout en faisant passer des informations codées, fait de lui la voix américaine du nazisme.
Voix terriblement convaincante du fait de ses talents dramatiques d'auteur. Le piège ne peut désormais que se refermer sur lui car " Il faut être prudent avec ce que l'on prétend être parce qu'à la fin, on est ce que l'on prétend."
Une grande partie du film est accompagnée par la musique d'Arvo Pärt qui en souligne discrètement le désespoir latent. Une œuvre originale avec des acteurs talentueux, à découvrir. Pour l'anecdote, on notera que l'on peut assister au passage furtif de Kurt Vonnegut lui-même, en piéton new-yorkais hagard.
steka
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le 27 nov. 2013

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