Si son nom ne vous dit rien, il est pourtant bien connu au “plat pays”, comme étant « le père spirituel » de l’émission culte “Strip-Tease”. Cet adepte du “cinéma-vérité” a réalisé plusieurs documentaires pour l’émission belge et se retrouve cette fois-ci devant l’objectif de la caméra de sa fille. A 76 ans et atteint de la maladie d’Alzheimer, sa mémoire lui joue des tours, alors sa fille profite des derniers instants de lucidité de son père pour le questionner sur sa vie (aussi bien professionnelle que familiale) et sa carrière de cinéaste.
Manu Bonmariage (Vivre sa mort - 2016) a réalisé de nombreux reportages pour la RTBF, ainsi que plusieurs dizaines d’épisodes de “Strip-Tease”. Mais ne vous attendez pas à un documentaire hagiographique, il n’en sera rien. A travers ce film, la réalisatrice (qui est aussi sa fille), dresse le portrait d’un homme étonnant et au parcours surprenant. À l’âge de 7 ans, il perd son oeil gauche à cause d’une flèche, à l’âge de 37 ans il est empoisonné à l’arsenic (un crime passionnel), marié à 2 reprises, il aura 8 enfants, nés de 4 femmes (!).
Emmanuelle Bonmariage nous fait découvrir cet homme de l’ombre qui trouvait grâce en mettant sous l’oeil des projecteurs de parfaits inconnus. Le film alterne avec d’innombrables images d’archives (issues de ses reportages pour la télévision ou des émissions “Strip-Tease”) et quelques voyages ici et là, revenant sur les traces d’anciens lieux de tournage (notamment l'ancien charbonnage de Blegny-Trembleur), le tout, entrecoupé par des retrouvailles avec des personnes avec qui il a travaillé, notamment Frans Wentzel, un ingénieur son, ainsi que Jean Libon (Ni juge, ni soumise - 2017), le co-créateur de “Strip-Tease”.
« En filmant les gens, j’ai l’impression de les caresser. »
Le film nous offre aussi de très beaux moments, digne du “cinéma-vérité” que chérissait tant Manu Bonmariage, comme cette engueulade père/fille au détour d’une rue ou ce moment émouvant entre Manu & Frans Wentzel.
Manu, l'homme qui ne voulait pas lâcher sa caméra (2018) est un titre qui résume à merveille ce qu’est ce film, comme vient nous le rappeler Frans Wentzel
(lorsque Manu était sur son lit d'hôpital, entre la vie et la mort après son empoisonnement. Il raconte avoir vu Manu mourant, mais parvenant encore à mimer avec ses mains, l’usage de la caméra, faisant le point, le diaph et le zoom, comme s’il ne voulait pour rien au monde, abandonner ce qui lui tient le plus à coeur).
Il en résulte un très beau documentaire, touchant et sincère.
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