De tous les polars italiens qui ont, notamment, pris pour modèle le personnage de l’inspecteur Harry, ce film est certainement celui qui lui emprunte le plus. Pas étonnant quand on connait l’admiration que vouait Stelvio Massi à Don Siegel. Comme dans le film éponyme, cette suite des aventures du commissaire Terzi emprunte différents thèmes. Au-delà de la sempiternelle figure du policier n’en faisant qu’à sa tête pour résoudre son enquête, la présence de son énorme magnum de son étui (qu’il sort d’ailleurs très régulièrement pour dézinguer à tout va) le rapproche du personnage interprété par Clint Eastwood, de même que son évident désenchantement à la lisière de la misanthropie. Mais c’est un volet de l’intrigue qui le rapproche définitivement de son aîné. Le film s’ouvre, à ce titre, sur deux références évidentes : l’introduction de La Mariée était en noir et L’Inspecteur Harry, donc, avec son tueur armé d’un fusil à lunettes. Scorpio devient ici le Sphinx, et Terzi devra mettre fin à ses agissements avant de remettre sa démission, écœuré par le système.
L’ensemble donne évidemment une impression de déjà vu mais on ne peut que considérer cette suite comme supérieure au premier opus. À ce titre, le début du film est une réussite totale, plongeant immédiatement le spectateur dans l’action. Stelvio Massi propose ainsi une remarquable poursuite, d’abord en voitures (peut-être une des plus impressionnantes que le genre ait pu proposer) puis à pieds dans les rues de Gênes. Gênes qui est, d’ailleurs, immédiatement présenté comme un personnage important de cette suite, n’hésitant pas, avec son port, à poursuivre la comparaison avec le film de Don Siegel qui se déroulait à San Francisco. Porté par l’excellente partition d’Adriano Fabi, parfaitement dans le ton et un brin plus funky que celles qui étaient proposées à l’époque, le résultat se présente comme particulièrement rythmé. C’est aussi l’avantage d’une suite où la présentation des personnages est inutile et où on peut entrer aussitôt dans le vif du sujet. Une excellente démonstration du savoir-faire du réalisateur qui propose ainsi vingt premières minutes d’une redoutable efficacité.
Devant la caméra, Franco Gasparri paraît plus à l’aise même s’il demeure un peu raide mais l’interprétation générale est de qualité. Dommage que le récit manque de rigueur par la suite et que différentes intrigues se mêlent maladroitement, à savoir celle du tireur fou et des habituelles manigances de truands au service d’un homme d’affaires véreux. Lee J. Cobb est certainement sous-utilisé et les ficelles qui lui ont fait éviter la prison dans le premier opus et son implication dans cette nouvelle intrigue sont un peu grosses pour totalement convaincre, mais cela permet de poursuivre une peinture efficace des années de plomb. Le final, qui se veut impressionnant, tente de se rapprocher des productions internationales avec un certain savoir-faire appréciable. Il en résulte un solide polar, meilleur que le premier opus, qui confirme que Stelvio Massi était alors dans sa meilleure période comme réalisateur.
6,5