Réalisé par Dean Fleischer Camp et sorti en 2022, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) est un long-métrage américain mêlant animation en volume et prises de vues réelles. Le film adapte pour la première fois au cinéma le personnage de Marcel, un minuscule coquillage anthropomorphe déjà apparu dans une série de courts métrages diffusés sur YouTube. L’intrigue prend la forme d’un documentaire réalisé par un vidéaste solitaire, qui découvre que son colocataire n’est autre que ce coquillage attendrissant, en quête de sa famille mystérieusement disparue.
L’œuvre séduit immédiatement par son dispositif narratif audacieux et son esthétique artisanale, qui conjuguent inventivité et douceur. Le choix du mockumentaire permet une mise en scène délicate, ancrée dans une certaine réalité, où chaque détail de la vie domestique devient source d’émerveillement. Le film joue habilement sur le contraste entre l’absurde de la situation et l’émotion sincère qu’elle suscite. L’écriture mêle tendresse, humour discret et réflexions subtiles sur la solitude, le deuil, et le besoin de lien. Marcel, minuscule mais immense en charisme, s’impose comme une figure profondément attachante, portée par un doublage d’une justesse remarquable. La mise en scène sait se faire pudique et poétique, sans jamais surligner son propos.
Le rythme, en revanche, souffre d’un déséquilibre sensible. Le film, trop long d’une bonne demi-heure, s’égare dans des séquences étirées qui peinent à faire avancer l’intrigue. Certaines scènes semblent purement contemplatives, et si leur charme est indéniable, elles alourdissent l’ensemble. L’intensité dramatique reste modeste, les enjeux narratifs peu prononcés, ce qui limite l’implication émotionnelle sur la durée. Le ton mélancolique et le minimalisme de l’action éloignent le film du jeune public, et l’on regrette une certaine monotonie dans la deuxième moitié du récit.
Malgré ses lenteurs, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) impose une voix unique dans le paysage cinématographique. Ovationné par la critique et chéri par une partie du public, il a su conquérir les festivals et séduire par son authenticité fragile. En dépit d’une narration parfois poussive, il reste une œuvre rare, émotive et singulière, qui mérite pleinement d’être découverte.