L'histoire de Marvin Bijou, un petit mec "différent", "pédé", éduqué dans un milieu ouvrier. Entre les bagarres familiales et le harcèlement scolaire qu'il subit, Marvin découvre une passion pour le théâtre. Ainsi, nous avons devant les yeux un somptueux parallèle entre le Marvin Bijou d'hier et le Martin Clément d'aujourd'hui.
Ce qui m'a le plus frappé dans ce récit réside dans l'incapacité de poser un regard sur son propre fils, on a là la triste réalité de certaines éducations. Pas très réfléchis, pas si tendres, mais des parents qui tentent de s'en sortir. Etant étranger dans sa propre famille, la "tapette" va réviser ses textes entre vaches et prairies et il va grandir. D'un village perdu dans les Vosges, en passant par Épinal puis Nancy, Marvin va s'illustrer à Paris.
Marvin va s'arracher le cœur pour tout recommencer; se sauver pour devenir quelqu'un d'autre. Ou simplement devenir celui qu'il était caché. Pour grimper, Marvin s'allie indirectement et plutôt inconsciemment avec la directrice de son petit collège, puis le directeur de son Centre National, un monsieur interprété par le rayonnant Vincent Macaigne. Une relation vraiment touchante entre le professeur et son élève, quelque chose de simple et naïf.
Marvin/Martin va expliquer comment sa famille l'a tué. Dans un cadre qui devrait être chaleureux et réconfortant, Marvin se demande ce qu'il fait là. Il sort de ce cocon pré-fabriqué et s'envole toujours un peu plus loin. Dans cette construction symétrique, on découvre Marvin et Martin différemment. On oublie presque l'un pour se concentrer sur l'autre à certains moments.
Peut-être qu'il s'agit du genre de films à voir pour se rendre compte de l'éducation de certains, et même, concernant les relations homosexuelles. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en entendant les réactions des deux hommes assis derrière moi : "oh ça je peux pas voir", "c'est quand que ça fini" lors d'un simple dîner entre deux hommes qui s'aiment. Si Marvin peut ouvrir les yeux à d'autres, je pense qu'il a atteint un de ses objectifs.
La souffrance c'est comme un phare braqué sur vous la nuit.
Marvin s'éloigne du phare, nage dans cette mer de problèmes et saisit ses chances. Un de ses mentors lui a dit de ne pas trop réfléchir et d'oser, à méditer.
Finnegan Oldfield interprète Martin, on s'attache au personnage au regard malicieux, à son petit sourire en coin et la tendresse de son jeu.
Pour finir, je reprendrais les mots de Marvin : Elle est belle la vie, qu'il faut l'aimer!