• Nicolas Bedos nous entraîne dans un jeu de dupes avec sa mascarade lorgnant sur le cinéma des années 50 de par son atmosphère et sa description fantasque des personnages. Le titre de son dernier film « Mascarade » (quatrième film) pourrait nous faire penser de prime abord à une comédie. Nicolas Bedos nous emmène dans un monde où il faudra faire tomber les masques.
  • Sa direction artistique fait en sorte que nous rentrons dans un anachronisme temporel à tel point que nous ne savons plus dans quelle période nous sommes. Nous pouvons en déduire à travers cette satire qu’il connaît très bien ce monde de riches, de nantis de la Côte d’Azur. Ce couple de gigolos inspiré du film « Breakfast Tiffany’s » et de Billy Wilder avec ce personnage de diva se retournant sur sa carrière. Elle est accompagnée de Pierre Niney interprétant un gigolo. Cette touche est agrémentée de ce côté « Sunset boulevard » rendant ce jeu masqué très intéressant, lucide et cruel. Ces deux aspects rendent ce film attractif et divertissant sur grand écran.
  • Le film est ultra bien écrit sur le récit ne stagnant à aucun moment, il va évoluer durant tout le long-métrage. Ce film est d’une énergie folle à l’image de Nicolas Bedos : les cadres et les personnages sont en perpétuel mouvement. Il sert le rythme et le propos de fond du cinéaste. Nous suivons des protagonistes mettant en scène leur vie : « Mascarade » est le titre le mieux adapté. Il a totalement compris comment mettre en avant cette galerie de décors clinquants et ces personnages haut en couleur. Chaque plan de « Mascarade » possède une idée de cinéma riche et continuellement nouvelle sans se répéter en boucle néanmoins. Il se dégage un souffle de virtuosité et d’ingéniosité via son dernier long-métrage. Lors de la scène dans le début du film, les 2 protagonistes (Marine Vacht et Pierre Niney) refusent de payer leur addition au sein du restaurant où ils se trouvent, ils vont littéralement créer une mise en scène en devenant scénaristes de leur propre vie.
  • Nicolas Bedos allie avec brio les différents genres de films. Il fait muter progressivement son dernier long-métrage en comédie satirique teintée de touches de thrillers par moment et glisse au fil de l’eau vers le cinéma d’horreur en décrivant une scène d’un dîner mondain dessinant de très près cette faune de la Côte d’Azur. La scène où Martha (alias Isabelle Adjani) s’adresse avec violemment et cruellement à Pierre Niney en tentant de l’humilier en public devant ses convives. Elle prend le pouvoir et le dessus avec sa franchise et son humiliation. Ce jeu pervers, malsain et cette prise de pouvoir par Isabelle Adjani (« J’ai 25 ans de doigts dans la bouche. Comment tu crois que j’ai fait pour garder cette taille de guêpe ») va se retourner contre elle en faveur de Pierre Niney qui lui ressortira du tac au tac : « Ah mais moi je sais pas faire. On m’a jamais appris. J’essaie de vous observer. Je m’applique vous savez. Mais il me faudrait des années pour espérer vous ressembler. Vous êtes tous tellement chics » : il reprendra à cet instant le pouvoir sur Martha en reprenant un morceau de poulet.
  • Isabelle Adjani ose des choses extravagantes : elle chante à capella et joue un rôle de composition inhabituel par rapport à l’ensemble de sa filmographie. Elle prend des risques dans ce film et n’a pas peur du ridicule. Il faut noter qu’elle va loin dans sa déchéance en s’acoquinant et réchauffant son appétit sexuel avec ce gigolo afin d’entretenir une image de jeunesse éternelle cheap.
  • Il peut, cependant, choquer par sa misogynie avec les trois profils de personnages dessinés : les femmes mûres et repoussantes, les jeunes femmes belles et manipulatrices ainsi que les hommes passant pour des victimes à cause de ces femmes perverses et avides d’argent. La question de l’imposture et des faux semblants nourrissent le cinéma de Nicolas Bedos. Ces thématiques restent de réelles hantises pour lui : il veut s’affirmer comme un cinéaste et réalisateur légitime et crédible. L’image doit faire ressortir absolument un univers cinématographique de par ses mouvements de caméra rapides et l’apparition de ses acteurs dans le cadre.
  • Nous pouvons y voir un certain parallélisme avec le film « Sans filtre » avec cette jeunesse dorée et riche. Vous allez adorer en tant que spectateur d’assister à une métamorphose de ce film en conte immoral aussi vénéneux qu’ensoleillé avec une distribution. Nous en ressortons éventuellement essoufflés puisqu’à chaque minute il y a un rebondissement au sein du récit et la fin du film enchaîne twist sur twist ce qui est rare de nos jours et l’écriture est tellement efficace et précise sans chercher à nous expliquer à tout va et ne prenant jamais les spectateurs pour des idiots. Même si ces détracteurs trouvent les répliques trop littéraires, les punchlines ou les dialogues poétiques (NDLR : la réplique d’Isabelle Adjani : « Il a de beaux yeux ce con » en est le parfait exemple).
  • Régalez-vous devant ce film où tous les coups sont permis et assistez à la tombée des masques jouissive de chacun des personnages.
Lili-Jae
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le 27 oct. 2023

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