T + 2 minutes
Je ... je ...
Qu'on arrive, en 2022, à un âge où le cinéma d'horreur a de la reconnaissance critique, des moyens, et plein de gens talentueux qui veulent y bosser, à pondre le pire volet d'une saga qui nous a quand même donné Texas Chainsaw 3D et ses acteurs-rappeurs, et le quatrième de la saga originel, celui où Matthew McConnoghey fait le bruit des hommes des sables dans Star Wars dans le cadre d'un rituel illuminati (true story) ... c'est difficilement croyable, et pourtant c'est vrai.
Il y a rien à sauver. Rien.
Priez pour le salut de vos âmes ...
est-ce Kim Henkel avait essayé de nous prévenir? est-ce que c'est pour ça qu'il y avait un agent fédéral avec trois tétons percés dans Texas Chainsaw - La Nouvelle Génération (encore une fois, true story) ...?
cancel culture. pourquoi? on cancel pas des tueurs en série. ça s'appelle la justice pénale. "oh ouais, on a tellement cancel Landru. la guillotine, c'est un peu comme un subtweet ..."
T+10 minutes
... en fait c'est exactement ce à quoi ressemblent les films d'horreur modernes aux yeux des gens qui aiment pas du tout les films d'horreur modernes, uh ...?
Halloween 2018 c'était chouette
j'ai toujours trouvé ça chouette
si si je t'assure Rico
je conçois qu'il soit le cul entre deux chaises, trop cérébral pour plaire à certains et trop bas du front pour d'autre, mais il y avait un truc
cette réflexion sur le trauma, sur la façon dont la société traitent ceux qui la dérangent
même la suite, et dieu sait qu'elle était ratée, essayait de montrer un peu l'humanité des personnages, de questionner la vengeance, la nécessité des suites, même si ça amenait à rien
en fait Fede Alvarez
(c'est pas celui qui a fait le remake un peu moisi d'Evil Dead? apparemment il a compris que l'horreur c'est des gens qui font grrrrr et du sang qui fait psssht, et plus il y a de grrrrrr et de pssssh le plus de l'horreur que c'est)
en fait Fede Alvarez (et le réal. mais qui est-il? est-ce qu'il existe seulement? est-ce que c'est pas Fede Alvarez dans un masque en peau humaine? REVEILLEZ VOUS, LES MOUTONS) a tenté de reproduire les recettes qui ont fait le succès d'Halloween
sauf qu'il a pas compris pourquoi ça marchait
ou comment
il a juste écouté Jamie Lee Curtis en interview qui répète, comme un cassette rayée dans une cave humide et pleine de restes humains
"it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma. it's about trauma."
et donc alors là il y en du trowwwwwma
il y a des fusillades dans des écoles
(on sait pas trop pour quoi, mais il y en a)
il y a Sally de l'original qui entend que son némésis est reviendu, et qui décolle
(l'actrice originale est morte et ils font revenir le personnage pendant cinq minutes où elle fout rien avant de mourir, mais elle est là)
et puis après on détruit le trauma, avec la camaraderie féminine
mais il y a quand même une des deux héroïnes qui meurt comme une merde au dernier moment hein
faudrait pas empiéter sur la marge de profit / les suites, ça rapporte, baby.
la cohérence dans le thématique, c'est suranné
le développement de personnage aussi d'ailleurs
non parce que Halloween aimait quand même beaucoup Jamie Lee
est-ce qu'on en a quelque chose à foutre d'Harvesty?
guère. l'actrice est chouette, mais le personnage a toujours été une coquille vide, sert seulement de support émotionnel pour la mise en scène de Hooper
plus pertinent: est-ce que le film en a quelque chose à foutre d'Harvesty?
absolument pas. elle pourrait ne pas être dans le film, ça ne ferait aucune différence: il n'y a aucune chaleur, aucune humanité, juste du "hey vous vous souvenez de ce film qui était bien il y a genre cinquante années?"
elle finit par crever la gueule ouverte dans les poubelles
comme un ragondin
c'est un problème
un problème
en fait le film, c'est pas juste une photocopie
y a des bonnes photocopies
on sent presque le dégoût de l'équipe créative d'avoir à ramener des problématiques contemporaines dedans
même s'ils étaient pas obligé. y a plein d'horreur très con qui se fait encore, plus qu'avant même, et des fois c'est bien. genre VHS94. vous avez vu VHS94? c'était chouettos.
donc c'est une photocopie qui bloque la photocopieuse, mi par dépit, mi par incompétence
un sous-Halloween qui copie son modèle des fois plan par plan, mais aussi qui déteste tout: ses pairs ... et la société, n'oublions pas la société ...
1 plan emblématique du film: Leatherface filmé en live Instagram par des gens des villes prétentieux et superficiels, qui tue des gens pendant que les commentaires pleuvent genre "lol cé tro 1 fake"
... ils aiment pas beaucoup leur propre public non plus hein
mais si quelques "tacles à la cancel culture" suffisent à les contenter, ça suffira bien
(comme un ragondin)
T+45 minutes
Tiré de "Le Sinéma de mon Enfanse", Etienne du Plessy-Bouchard, 2150, Editions Gally-Mare:
"... étonnement, le film revendique presque sa paternité avec le remake produit par Michael Bay, celui de 2004, et sa suite (Aldana-Reyes: 1995, p. 84; Ward: 2008, p.50). Dans l'utilisation des couleurs, en particulier, qui font écho à la célèbre technique des années deux mille, qui consiste à faire toute la colorimétrie avec un doigt sur le bouton "bleu clair" et un autre sur le bouton "orange".
Le reste du métrage rend d'ailleurs un hommage poli mais honnête au film d'horreur des années 2000, en utilisant une technique caractéristique de l'époque, que l'on appelle "être con comme une valise". Mais, et c'est là toute la complexité et la richesse du texte, il utilise ce que Zizek appelle le déni idéologique (Jacques Chirac III: 3478, p. 325) en proclamant lourdement à le face du spectateur que, non, en fait, il n'est pas con, vous voyez, il a des thèmes, donc d'abord, vas te faire. On voit ainsi en effet que le film parle de gentrification lorsqu'un des personnages dit "on va faire de la gentrification". On y apprend aussi qu'en fait, les petites villes sudistes des Etats-Unis sont pleines de gens cool et ouverts d'esprits et qu'ils agitent des drapeaux sudistes uniquement pour honorer leurs grands-parents, et que les gens des villes, qui ne sont pas blancs, sont méchants et cupides et font des inégalités économiques (Philippe Poutou: 2025, p. 92). Ils n'aiment aussi pas les armes, ce qui est dommage, parce que les armes c'est vachement utile quand on a un Leatherface qui vous court après. Heureusement, ils se rendent compte qu'ils étaient un peu trop islamo-gauchistes pour survivre, et prennent de gros flingues pour groflinguer le Leatherface qui leur courait après. Ouf!
On pourrait reprocher au film ses prises de position, mais fort heureusement, David Blue Garcia avait anticipé cette ligne de critique, et est parvenu à transcender le film à l'aide d'une technique révolutionnaire: être assez ennuyeux pour que personne ne puisse assez se motiver pour le cancel sur le netweet de flixter. On notera en particulier le refus d'utiliser des astuces dites de montage, qui font en sorte que l'on suit un personnage qui se cache dans un placard, puis sous un lit, pendant près de dix minutes - un parti-pris radical dans sa radicalité et sa prise de parti. Sans doute était-ce nécessaire pour profiter de la variété des décors qu'offre le film, dans un désir brûlant de combler les désirs esthétiques du spectateur: la rue principale d'une ville, un bus dans la rue principale d'une ville, un garage dans la rue principale d'une ville, un orphelinat dans la rue principale d'une ville, un cinéma avec piscine dans la rue principale d'une ville, et une station service pas dans la rue principale d'une ville. On ne sait plus où donner de la tête, et cet excès de pur esthétisme excessif est sans doute le seul féfaut du dilm, qui s'assure bien de remplir les 90 minutes imparties par Netflix avec 20 minutes de générique, histoire que nos yeux ne débordent pas trop de larmes/pus/sang/phlegme(à ajuster selon vos spécifications biologiques).
N'oublions pas non plus le travail magnifique du département effets spéciaux, qui, entre deux pauses prises dans un générique qui a dû manger la moitié du budget VFX du film malgré sa mocheté, ont découvert qu'on pouvait faire du faux sang avec des ordinateurs, une trouvaille qui leur vaudra sûrement un prix Nobel. Une mention spéciale à cette femme qui se fait couper en deux lorsqu'elle sort par une fenêtre de bus, alors que la porte était à deux mètres sur la gauche: un hommage magnifique à la puissance circassienne qu'est le grandguignolesque tobéhopérien. On observera de plus que, au cas où leurs effets (si cela est seulement possible!) ne convaincraient pas le public, le réalisateur a aussi vu bon de mettre du vomi et des excréments dans un film, parce que le plus de vomi et d'excréments il y a dans un film, le plus de l'horreur que c'est.
T+mon application de méditation m'a dit qu'il fallait toujours essayer de trouver des positifs dans la vie
1) Alice Krige, parce que la Reine Borg c'est toujours cool.
2) il y a des tournesols
3) ...?
T+ le temps est un cercle
ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn
T+ scène post-générique
Ceci est une phrase post-générique. Elle ne sert à rien.