Après la claque Crimes & Délits, j'ai eu envie, lors de cette intégrale Allen, d'enchainer sur les deux autres films de la trilogie. Match Point, que je n'avais pas revu depuis un petit moment, est bien la splendeur dont on parlait à l'époque, et l'un des meilleurs films du cinéaste, faisant preuve qui plus est d'une capacité de renouvellement assez ahurissante, d'autant qu'il arrive chronologiquement après l'un de ses plus mauvais films, Melinda & Melinda. Il offre donc une magnifique relecture de Crimes & Délits, sans pour autant essayer le recopier. C'est une réécriture nouvelle d'un thème connu, celui de la culpabilité, ou de son absence, et de l'action sordide de se débarrasser de son amante devenue trop envahissante. Le film est une merveille de mise en place, de mise en scène, une petite horlogerie parfaitement huilée et qui pourtant ne sent jamais la mécanique. Les comédiens sont, comme quasiment à chaque fois chez Allen, totalement démentiels, quel génie du casting une fois encore, jusqu'au moindre second rôle. Le seul petit bémol du film, qui lui ôte la perfection totale, c'est la fin, trop bâclée, expéditive. A partir du moment où le crime est commis, l'enquête policière est totalement expédiée et surtout incohérente. (Elle dit forcément tout dans son journal intime par exemple). Ce n'est pas très grave dans le sens où cela n'empêche pas le film d'être prodigieux, mais c'est très grave car dans un ensemble aussi parfait, ça fait tâche. Je pense que Allen n'aime pas les films longs, que celui-ci est déjà sans doute son plus long (2h03) et que traiter cette fin correctement l'aurait pousser à faire un film de 2h45 ce qui est totalement inconcevable pour lui. Qu'importe. Merveille absolue quand même. Et fin de la trilogie ce soir !