Suite sans surprise (dans le sens où on l’attendait, vu le succès du premier opus) de Matrix qui, rappelons, fut une véritable révolution dans le domaine de la science-fiction. Et tout bonnement dans le monde du cinéma ! Suite donc qui reprend les aventures virtuelles de ce cher Néo, qui tente de sauver une humanité prisonnière et trompée par les machines. Et là se pose aussitôt cette question : que peut bien nous offrir de nouveau un opus qui poursuit les grandes avancées d’un premier épisode. Vous allez voir que Matrix Reloaded, via budget bien plus consistant (63 millions de dollars contre 150 millions), se laisse parasiter par Hollywood.

Scénaristiquement parlant, Matrix Reloaded ne reprend pas aussitôt après le premier film. On sent dès le début que le temps a passé (ça peut bien être des heures, des mois ou même des années). Comme si Néo et son équipe entrait et sortait de la Matrice pour trouver une solution à la fin de la guerre (entre humains et machines). Et que cette suite reprend là où la solution semble pointer le bout de son nez. Cette dernière : trouver la source de la Matrice. Point ! Rien qu’avec ça, on sent que les Wachowski veulent priviligier l’action, qui trouve ici une place bien plus importante. Et pour cause, pendant 2 bonnes heures, Matrix Reloaded n’est que ça : des rencontres entre personnages qui finissent après une tonne de blabla en baston style jeu vidéo. À croire qu’il n’y a que ça qui a été retenu de Matrix premier du nom.

Finalement, de bonnes séquences d’action, ça ne se refuse pas ! Encore faut-il qu’elles aient un sens ! Et le gros problème de Matrix Reloaded, c’est que ces scènes-là retirent toute la complexité de l’univers mise en scène par les Wachowski. Un univers qui devient, du coup, le théâtre de combats souvent interminable (celui entre Néo et une armée d’agents Smith traîne excessivement en longueur), et qui nous propose de nouveaux personnages sans charisme, servant plus de figurants qu’autre chose (n’étant jamais exploités comme ceux du premier film) tels que Niobe, le Mâitre des Clés, les Jumeaux, Séraphin, le commandant Lock ou encore Perséphone. Ce sont des protagonistes qui apparaissent d’un coup et disparaissent de la même manière du scénario, ni plus ni moins.

Une histoire vide ? Quand on voit l’inutilité de certaines séquences (la « boum » et la scène d’amour entre Néo et Trinity), on pourrait le croire ! Mais les Wachowski creuse encore plus le concept de leur Matrice, et notamment le rôle de Néo en tant qu’Élu. Tout un pan de l’univers de Matrix qui prend de l’ampleur et qui fait preuve du travaille qui a été effectué sur l’histoire. Seulement voilà, un problème se présente : la trop grande complexité des révélations qui nous sont faites lors des dernières minutes. Trop de paroles philosophiques qui nous sont lâchées en masse comme ça, sans que l’on soit préparé à cause de la tonne d’action décérébrée assimilée depuis le début. Alors que parsemer ici et là quelques détails, quelques indices à cette révélation auraient sans doute été préférable à sa compréhension. Et surtout à la réussite de cette suite !

Donc, du côté du scénario, Matrix Reloaded ne se montre malheureusement pas à la hauteur. Un énorme défaut qui est tout de même rattrapé par le budget du film, il faut bien le dire, merveilleusement exploité. Car si le film arbore bien trop d’action, elle n’est pas pour autant loupée ! Si le premier film nous avait offert des effets spéciaux révolutionnaires (dont le fameux bullet time où la caméra tourne autour du personnage de Néo évitant les balles, et tout cela au ralenti), ici, ils dépassent encore certaines limites. Dont celle de voir un combat qui met en scène un même personnage (l’agent Smith) multiplié par cent. Une multitude de clones qui donnent le tournis (avec la mise en scène virevoltante des Wachowski) et qui permet d’atténuer la longueur de la scène. Confirmant du coup une très grande efficacité qui tient en haleine qui s’intensifie à chaque minute qui défile. Jusqu’à une séquence de course-poursuite qui démarre dans un grand hall pour finir sur une autoroute, où certains passages font preuve de trouvailles techniques. Faisant de cette séquence l’une des plus spectaculaires que l’ont ait vues durant cette décennie (2000 – 2010). Devant un tel déballage d’adrénaline mérité qui conserve en tout point l’ambiance du premier film, on ne peut qu’apprécier Matrix Reloaded malgré ses défauts.

Et pour résumer l’inégalité du film, vous pouvez se reporter à son casting. Distribution qui reprend Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne et Hugo Weaving, toujours aussi à l’aise dans la peau de leur personnage respectif (Néo, Trinity, Morpheus et l’agent Smith). Mais comme je le disais, le scénario ne laisse pas de place aux nouveaux arrivants. Faisant de Jada Pinkett Smith (Niobe), Harry Lennix (Lock), Sing Ngai (Séraphin) ou encore de Helmut Balkaitis (l’Architecte) de simples acteurs n’ayant que quelques minutes d’apparitions. Pour certains, ils n’ont pas le temps d’exploiter un charisme assuré (comme Sing Ngai), d’autres n’en ont carrément pas (Monica Bellucci pour le rôle de Perséphone). Néanmoins, parmi les nouveaux venus, un seul est à saluer. Lambert Wilson (interprète du Mérovingien), qui possède un charme fou. Aussi inoubliable que les personnages principaux du premier film, c’est pour dire ! De ce fait, on aurait aimé qu’il ait bien plus de place dans l’histoire et que celui-ci soit développé.

En attendant de voir ce que donne Matrix Revolutions (qui suit le second opus à l’instar de Retour vers le Futur III et Pirates des Caraïbes : Jusqu’au Bout du Monde), Matrix Reloaded perdure le plaisir que l’on a à suivre les aventures messianiques de Néo, même si elles ne se présentent pas de la meilleure des façons. Faisant de cet opus bien plus un blockbuster hollywoodien qui exploite le filon de base plutôt qu’un Matrix. Une suite certes nettement inférieure à son prédécesseur mais qui se révèle être de taille pour ne pas entacher le plaisir que l’on a à se divertir.

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le 17 nov. 2013

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