L’histoire est simple, touchante et paradoxalement aussi intime qu’universelle. Matthias et Maxime sont amis, rien qu’amis. Ils passent le weekend avec leur bande de chums dans le châlet de leur copain Rivette et se retrouvent à se galocher pour le film d’études de la soeur de ce dernier. Un baiser qui va libérer un monstre chez les deux jeunes hommes, celui du doute. N’était-ce vraiment qu’un baiser de cinéma ?


Simple mais intéressante. Intéressante mais sous-exploitée. L’intrigue principale laisse trop souvent la place à des histoires secondaires sans grand intérêt. Au fil de ses digressions, Dolan oublie d’apporter certains éléments essentiels à la lecture de son film. L’un est Matthias, l’autre est Maxime. L’un est un jeune actif de bonne famille, l’autre un enfant de la classe populaire montréalaise. L’un vit avec sa fiancée, l’autre avec sa mère. Certes. Dolan éclaire les personnages dans leur individualité mais jamais dans leur unité. D’un bout à l’autre du film, leur dynamique restera un mystère qui jamais ne sera résolu.


Matthias et Maxime livre tout de même l’intéressant portrait d’une jeunesse entre deux âges et entre deux mondes. Coincés dans cet instant charnière entre les années étudiantes et le début de la trentaine, aucun des personnages ne semble prêt au grand plongeon. Brass joue les fratboys, Rivette multiplie les engueulades enfantines avec sa soeur et Shariff ne semble pas décider à quitter l’université. Du côté de nos héros, Maxime élude le problème en déménageant à l’autre bout du monde tandis que pour Matthias, c'est sa bande de potes qu'il cherche à laisser derrière lui, lassé des même jokes et des mêmes chansons.


Cette esthétique de la fuite résulte en une panoplie de personnage dont, à leur image, on peine à savoir véritablement qui ils sont, ce qu’ils veulent et où ils vont. Une mention spéciale est tout de même à attribuer à la jeune Erika qui, dans sa propre caricature, est finalement le personnage le plus tangible de l’histoire. La jeune étudiante, totale instababe, est en réalité la seule qui parvient à dire quelque chose d’elle-même.


Que les fans de Xavier Dolan se rassurent, le jeune cinéaste nous offre comme à son habitude une photographie de qualité et de beaux effets de cinématographie, d’une course effrénée sous la lumière des néons à la tombée des premiers flocons sur Montréal. En outre, on retrouve dans Matthias et Maxime les tocs filmiques qui font le charme du réalisateur tel que le changement de format en plein milieu du film comme il l’avait déjà fait dans Mommy.


L’automne est rouge, orange, et jaune. L’eau du lac est glacée, la lumière du matin se teinte de bleu et de mauve. Matthias et Maxime est une carte postale qui donne des envies de Canada. Et de la carte postale il remplit la fonction : celle d’une belle image que l’on se plait à contempler, une image qui nous fait sourire avant qu’on ne l’oublie.

RayaneF
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le 17 oct. 2019

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