Maudie, artiste béni(gn)e

Voilà un film anti-hollywoodien : sur 2h, 1h30 se passent dans une cuisine crasseuse et mal éclairée. Pas mièvre pour un sou : le mec Hawke est parfait dans son rôle de grincheux maussade, pas de bisou. Sally Hawkins aussi est très convaincante dans celui de l'artiste Maud Dowley, une femme atteinte d'arthrite rhumatoide, timide, écrasée sous le regard méprisant de son entourage, et qui va fuir ce qui reste de sa famille pour travailler comme femme de ménage dans l'unique pièce du pauvre logis du pécheur solitaire.
Elle peignait déjà des cartes postales, et passe à un plus grand format sous la suggestion de celui qui devient son mari, Everett Lewis.

Juste à la fin, une courte archive - accompagnée d'une belle chanson - nous montre les véritables visages du couple (dans les années 1970). Et dans un soudain contraste avec les images arides du film, des oeuvres de Maudie sont insérées dans le générique final ; des peintures qu'on pourrait qualifier de naives, mais qui témoignent d'un sens de la composition et de la couleur qui rappellent certaines illustrations de livres pour enfants des années 50, et même les peintures de Brueghel (heu, l'ancien?). Les couleurs franches et intenses, les images sereines d'un monde tiré de ses souvenirs.

(mais puisque je dois gâcher les jolies choses, je noterai qu'un de ses tableaux vu sur le net évoque une oeuvre clé dans le premier film de Dario Argento, et que son visage bienveillant aperçu dans l'émouvante archive finale, me fait penser à celui du tueur de *Ne vous retournez pas * °)