Je ne connais pas très bien James Ivory mais je pense qu'après avoir vu ce film, il serait intéressant de voir ses autres films londoniens. Bien qu'américain, il est connu pour avoir représenté la bourgeoisie anglaise des temps contemporains avec brio. Pour ce film c'est réussi, nous sommes littéralement plongé dans cette Angleterre edouardienne du début XXe, et c'est tout bonnement appréciable. Tout y est, aussi bien dans ce qu'on voit, c'est-à-dire les décors et les costumes, que dans ce qu'on ne voit pas directement, là les mentalités et la courtoisie de façade de la middle-class.


Ce film parle d'homosexualité, et pas seulement de l'amour platonique entre deux hommes; mais bien du parcours de Maurice et son parcours psychologique lorsqu'il découvre ses attirances qui le rend fou au point de vouloir se faire soigner. Même si on est pas sensible à ce genre d'histoire, cela se laisse regarder vu la situation particulière des personnages. L'amour entre Clive (Hugh Grant) et Maurice (James Wilby, acteur peu connu mais vraiment touchant) est en effet tout ce qui a de plus pudique et courtois.
Plus que de l'acceptation de l'homosexualité, le film aborde de manière assez bien faite la difficulté du bonheur individuel dans une société de caste où les valeurs traditionnelles priment sur tout le reste.


Le film a tout de même l'intelligence de ne pas s'attarder et de se larmoyer sur l'anti-homosexualité ambiante de cette époque où ces pratiques étaient illégales et sévèrement sanctionnées (coups de fouets je crois), on est pas pris pour des imbéciles sur ce point, on sait que ça existe, on fait avec mais on ne blâme pas et on ne fait pas de morale agaçante là-dessus. C'est assez rare pour un film qui traite de ce thème pour être souligné je pense. De plus, le film prend une tournure assez inattendue qui ne correspond en rien à l'idée que l'on s'en faisait au début.


Au final la conclusion se termine sur une note d'espoir assez enthousiasmante et touchante, où chacun suit le chemin qu'il décide d'entreprendre, car il s'agit bien de liberté dans ce film, on nous montre bien que même dans des contextes difficiles, on a toujours le choix. Conclusion romantique mais dont l’optimisme est tempérée par la date où s’achève l’histoire (début de la Première Guerre Mondiale ).


Je recommande.

Polyde
8
Écrit par

Créée

le 24 mai 2017

Critique lue 684 fois

5 j'aime

3 commentaires

Polyde

Écrit par

Critique lue 684 fois

5
3

D'autres avis sur Maurice

Maurice
nate6691
9

Maurice forever

J'ai vu ce film à sa sortie en 1987, ça fait longtemps: mais lorsqu'il m'arrive de le revoir, il y a toujours des passages qui m'émeuvent. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce qu'il parle...

le 30 nov. 2014

18 j'aime

2

Maurice
abscondita
8

" J’aurais vécu une vie de larve si vous ne m’aviez pas réveillé"

Attention, spoil en partie.Maurice raconte avec beaucoup de sensibilité et de justesse l’histoire de deux jeunes hommes homosexuels à l’époque de l’Angleterre edouardienne. L’homosexualité était...

le 29 sept. 2022

11 j'aime

9

Maurice
Polyde
8

Critique de Maurice par Polyde

Je ne connais pas très bien James Ivory mais je pense qu'après avoir vu ce film, il serait intéressant de voir ses autres films londoniens. Bien qu'américain, il est connu pour avoir représenté la...

le 24 mai 2017

5 j'aime

3

Du même critique

Une histoire de la musique
Polyde
8

Plus un journal de mélomane qu'un vrai livre d'Histoire

J'ai eu l'agréable surprise d'être tombé sur cet ouvrage lors d'un petit séjour dans le Sud, je ne savais pas du tout que Lucien Rebatet, que je savais bien entendu mélomane, avait tout de même...

le 24 mai 2017

16 j'aime

5

Epidémies
Polyde
8

De l'incapacité des Etats à répondre aux crises

Il y a une chose qui frappe à la lecture de ce court livret, c'est quelque chose que nous voyons depuis des décennies en économie, de fiscalité et dans d'autres secteurs de la société civile, c'est...

le 30 mars 2020

15 j'aime

7