J’aime bien Fred Williamson. S’il n’est pas un acteur toujours talentueux, il a une véritable présence et un charisme qui compensent largement. Pour son premier film derrière la caméra, il s’attaque, bien entendu, à un pur film de blaxploitation même si, en 1976, le genre tire à sa fin. Problème, le script qu’il a sous la main ne vaut pas un kopeck et se présente simplement comme un véhicule lui permettant de briller dans un rôle de bon Black dont la société ne veut pas. L’intention est pourtant bonne avec un personnage qui a participé à la guerre et qui essaye de se réinsérer dans la société. Un sujet presque en avance sur son temps mais qui ne va pas au bout de son discours et qui tombe dans les habituels clichés du genre. Mais ce n’est pas le souci majeur du film. Ce qui le plombe fortement, c’est qu’il ne se passe pas grand-chose pendant une heure. La blaxploitation avec toutes ses maladresses compte quelques réussites quand elle se montre généreuse. Ici, rien, nada. Pendant une heure, notre héros veut faire des choses bien et, pour une raison qui nous échappe totalement, il est harcelé par un clan mafieux pour intégrer ses rangs et devenir un de leur tueur à gages. En tête de gondole, Stuart Whitman cachetonne à mort pour le convaincre.


Il y parvient finalement au bout d’une heure et l’ami Barrows endosse des costumes hyper chicos pour dessouder les uns après les autres ceux qui ont osé s’attaquer au clan avec, en toile de fond, une romance qui n’a jamais lieu avec une garce de haut vol. Le tout s’achève par un combat un peu kung-fu avec cris de chat, postures Dragon-ball et chorégraphie foireuse qui fait franchement sourire. Bref, le résultat tutoie parfois le nanar mais, surtout, engendre un profond ennui. On se demande, comme Stuart Whiyman, ce que vient faire là Roddy McDowall voire Elliott Gould qui fait un caméo dispensable. Bon, cela ne retire en rien le capital sympathie dégagé par son acteur-réalisateur mais l’ensemble manque cruellement de modestie et de second degré pour ne pas se fracasser dans la plus grande prétention un peu bêta.


On aurait aimé davantage d’action et de politiquement incorrect que ce maladroit portrait trop convenu. La musique, souvent gros point fort de ces films, n’est pas du meilleur goût et se révèle particulièrement redondante, ce qui ne plaide pas non plus pour apporter du crédit à l’ensemble. On comprend pourquoi le film est quasiment inconnu en France (pas de page wikipédia, pas de DVD ni autre support). C’est malgré tout dommage car s’il n’y avait pas lieu d’en faire un film marquant pour le genre, il y avait sûrement de quoi en faire une sympathique série B.


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le 22 juin 2025

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PIAS

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