Jusqu'alors, je n'avais jamais eu l'envie de sortir d'une salle de cinéma pendant un film, aussi médiocre soit-il. Méditerranée a été mon baptême de l'air. J'ai décidé d'aller le voir à la cinémathèque dans le cadre de la rétrospective des 21 indispensables de la nouvelle vague. Or, ma règle d'or lorsque je vais voir un film est de ne me renseigner d'aucunes façons sur le film en question. Je me retrouve dès les premières minutes du film à me demander ce que je suis en train de regarder. La voix monotone du narrateur (Philippe Sollers) donne tout simplement envie de mettre fin à ses jours. Certains plans sont réutilisés 3, 4, 5 voire 6 fois chacun et l'on ne parle pas de quelques plans isolés mais d'une bonne dizaine. Manque de matière, choix artistique défaillant ? Le postulat de départ semblait pourtant prometteur, à savoir la retranscription de Jean-Daniel Pollat lors de son périple à travers le monde accompagné de Volker Schlöndorff dans une forme plutôt expérimentale. Une sorte de carnet de voyage, en somme. Le résultat est assez décevant : des plans plats et redondants, une incompréhension totale de certaines séquences (notamment celles de l'hôpital et de la jeune fille jouée par Jackie Raynal allongée les yeux fermés) ainsi qu'une volonté pourtant intéressante de créer un décalage, comme par exemple l'alternance entre les plans de corrida (qui d'un point de vue personnel m'ont été assez insupportables sans savoir s'il s'agissait de la volonté du réalisateur) et ceux de fête ou d'une jeune adolescente se "faisant belle", mais accomplie ici d'une manière assez pathétique. Certains points forts permettent cependant de relever un peu la note du film : la musique signée Antoine Duhamel accompagne de manière assez harmonieuse le fil conducteur du film (s'il y en a un), des paysages variés (le désert égyptien ou l'étendue bleue de la Méditerranée qui donne son titre au film) ou des plans originaux qui témoignent d'un vrai talent photographique (les gradins de ce qui semble être un ancien cirque romain, la plongée sur une vallée agricole) et qui auraient pu être plus nombreux. Je suis en générale très ouverte quand aux films expérimentaux, mais celui-ci était trop expérimental et pas assez film à mon goût. En bref, les 45 minutes au cinéma les plus longues de ma vie.