A rebours

Pas revu depuis sa sortie, voici donc le premier long de Nolan. On peut ne pas tout aimer dans son travail mais il faut reconnaître la constance et le sublime désir d’approfondir la réflexion. Ainsi, ce premier film nous raconte à rebours une histoire de vengeance. C’est une sorte de vigilante dont on croit connaître la fin avant d’avoir eu le début. Comme toujours chez Nolan, les méninges seront mises à rude contribution pour rassembler les pièces du puzzle temporel. Et c’est ce qui est proprement fascinant. On vit l’histoire à l’envers par de constants flash-backs qui nous ramènent à la scène qui précède chronologiquement celle que l’on vient de voir. Ces flash-backs nous expliquent donc ce que l’on vient de voir ou contredisent ce qu’on a pu comprendre d’un échange ou d’un événement. De fait, on ne sait jamais ce qui s’est passé avant ce qu’on est en train de regarder, comme notre héros qui, suite à un traumatisme, ne peut fixer de nouveaux souvenir dans sa mémoire et est dans l’obligation d’écrire les éléments importants de son enquête pour ne pas les oublier. Il inscrit donc la vérité qui ne pourra plus être contredite par quiconque. Question de point de vue, la vérité est bien subjective. C’est le deuxième postulat de cette intrigue à tiroirs : La vraie vérité est-elle celle du spectateur pseudo-omniscient ou celle du personnage à la mémoire défaillante ? Outre l’expérimentation sur le temps et la narration, Nolan nous propose donc un jeu de focalisation d’autant plus fascinant qu’il est piégé. Au final, tout ceci forme un fabuleux thriller très efficace et une expérience d’orientation réjouissante.