Une critique acerbe du traitement réservé aux héros de guerre américains

Le film se déroule pendant la prise, par les Américains, de l’île d’Iwo Jima, au large du japon (février-mars 1945).


L’île avait été fortifiée par les Japonais qui attendaient de pied ferme le débarquement des Américains et se solda par un épouvantable carnage des deux côtés (env. 40 000 morts et plus de 20 000 blessés).


Le film s’attache à suivre trois marines américains, un infirmier, John « Doc » Bradley (Ryan Philippe), René Gagnon (Jesse Bradford), et Ira Hayes (Adam Beach) qui deviendront, à leur corps défendant, des héros pour avoir planté sur le sommet de l’île, le Mont Suribachi, le drapeau américain.
J’ai voulu voir ce film que j’avais partiellement vu lorsqu’il est passé sur Arte, suivi, d’ailleurs par la 2ème partie du diptyque, Lettres d’Iwo Jima. Il m’a laissé une impression désagréable, tant en raison des scènes de massacre où rien n’est épargné au spectateur (corps mutilés et éventrés, parties de membres répartis sur le sol, têtes tranchées, etc.) que pour le traitement ignoble réservé aux trois « héros ».
Je ne reproche rien à Eastwood qui n’a fait que retranscrire les horreurs d’une guerre qui fut terriblement meurtrière et rendre compte de la manipulation dont ont été victimes ses trois personnages. Il n’est pas le seul à avoir traité du sort lamentable que les Etats-Unis font à leurs « veterans », quelle que soit la guerre à laquelle ils ont participé (2ème Guerre mondiale, Vietnam, Irak…) comme cela apparaît dans nombre d’autres films : Né un 4 juillet, Platoon, Brothers, American Sniper, etc. En disant cela, je ne stigmatise pas seulement les Américains car je ne crois pas, hélas, que les autres pays se soient comportés de façon plus honorable avec leurs anciens combattants, même si la France s’est longtemps dotée d’un ministère ad hoc ou a créé le statut de pupilles de la Nation. Il n’y a qu’à voir celui qu’elle a réservé aux anciens harkis, aux combattants sénégalais ou autres troupes coloniales, pour ne citer qu’eux.

Roland Comte

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