Memories of Murder n'est pas monolithique. Il est certes en premier lieu un polar captivant au rythme parfaitement construit sur la traque d'un serial-killer mais il est aussi fait d'antagonismes étonnants qui lui donnent tout son caractère sans jamais tomber dans l'esbroufe ou le boursoufflé.
Les deux policiers sont radicalement différents ; l'enquête coréenne à l'ancienne se confronte aux méthodes modernes héritées des États-Unis ; la beauté éclatante de la campagne contraste avec la saleté et la noirceur de la ville pluvieuse ; l'humour quelque peu potache cohabite avec une violence crue. Ce mélange des genres, ce léger décalage qui opère une mise en relief délicate se retrouvera par la suite dans "the Host" où l'humour et le pastiche s'entrelacent avec la tension, le pamphlet et l'émotion.
Par ailleurs, les protagonistes ne sont pas que des pièces anonymes pour faire avancer l'enquête par à-coups mais bien des personnages consistants et fouillés qui savent évoluer au-delà de leur archétype. Le scénario se concentre tant sur la quête du tueur que sur l'expérience des inspecteurs ce qui donne au polar classique une toute autre dimension, tout à la fois plus humaine et plus sociale.
L'intrigue se replace en effet dans les années 80, à la fin d'une ère en Corée quand la police a dû gérer l'apparition de ce premier serial killer local et s'adapter tant bien que mal. Tout le film est ainsi imprégné d'une douce tristesse crépusculaire exaltée par la bande sonore lancinante et un véritable sens esthétique de la mise en scène comme le témoigne la touchante dernière séquence.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.