Décédé en Juillet 2020, Alan Parker avait une première carrière en tant que réalisateur de publicités, mais il avait quand même écrit un scénario à la fin des années 1960, que portera à l'écran Waris Hussein. C'est l'histoire d'une amitié entre deux collégiens anglais, Daniel et Ornshaw, qui ont comme point commun d'être en conflit avec l'autorité, parentale et scolaire. Ils font les 400 coups ensemble, semblent très liés, jusqu'à ce Daniel rencontre une jeune fille, Melody, et qu'il laisse tomber entre guillemets son ami. Ce nouveau couple s'aime, vit de beaux moments, et projettent même, alors qu'ils doivent avoir douze ans au maximum, de se marier.


Jusqu'à il y a quelques mois, je ne savais rien de ce film, à part une critique sur Dvdclassik qui avait déjà attiré mon regard. Puis, je découvre qu'il est plébiscité chez des réalisateurs comme Edgar Wright ou Wes Anderson, lequel le cite en inspiration pour son Moonrise Kingdom. Mais surtout, je découvre que la bande originale est signée The Bee Gees, c'est d'ailleurs leur seule contribution directe au cinéma. Tout cela fait que j'ai vu le film, via un blu-ray sorti uniquement en Angleterre et ... c'est une merveille de film sur l'enfance, la période où les adultes ne comprennent pas et les enfants non plus.


Tout au long de cette histoire, on voit que Daniel et Ornshaw sont deux personnes en manque ; de repères avec des parents plus absents qu'autre chose, d'affection, d'attention, brefs ils sont perdus dans un système où ils n'ont pas leur place, d'où leur forte alchimie dès qu'ils se connaissent. Mais ils ont surtout une chose où ils sont en parfait symbiose ; les filles. L'un aime les dessiner à portrait de photos coquines récupérées dans un magazine style Playboy et l'autre aime les voir, les épier. L'arrivée de Melody, jouée par Tracy Hyde va être comme une bombe, d'autant plus qu'elle est filmée comme la plus belle des petites filles. Je trouve ça d'une très grande force, volontiers critique sur le système éducatif anglais qui a l'air de ressembler à une prison à ciel ouvert où les brimades sont autorisées, jusqu'à la troisième partie, celle de l'amour, qui est magnifique, et là, Wes Anderson ne peut nier l'influence que Melody a eu sur Moonrise Kingdom, notamment la partie sur la station balnéaire. D'ailleurs, la fin est osée quand on y pense... Enfin, comment ne pas parler de la musique des (The) Bee Gees, qui remplace idéalement tout dialogue dans ces moments-là : je dirais même que tout y est résumé à travers les chansons.


Pourvu de scènes parfois superbes (comme celle de la pluie au cimetières), de moments assez justes, d'instants drôles, c'est surtout un portrait doux-amer de l'enfance, et de la peur de devenir adulte, qui attend ces personnages, où les adultes ne sont au fond que des empêcheurs de tourner en rond. Et ça donne quelque chose de formidable, échec commercial à sa sortie en Angleterre, mais que le temps a depuis réévalué, même s'il mériterait une plus large audience ; le Japon a été l'un des rares pays où le film a été un gros succès.

Boubakar
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le 19 févr. 2021

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