A mon grand regret, je n'ai jamais eu l'occasion de feuilleter un "Metal hurlant", mais je regrette énormément qu'une revue de ce calibre n'existe plus.

"Metal hurlant", le film, donc. Le scénariste d'"Alien", et Moebius au graphisme. Sur le papier, c'est un rêve de gosse. Hélas les rêves sont difficiles à concrétiser...

Une Rolls royce sort d'une navette spatiale et traverse l'atmosphère jusqu'à un manoir isolé. Un astronaute en sort, ramène pour sa petite fille une mallette qui ouvre et d'où sort... une entité verte malfaisante. Suit une série de sketchs montrant les méfaits de cette entité, le Loc-Nar, à travers différents coins de la galaxie.

- Une équipe archéologique la retrouve. Une jeune femme, poursuivie par des gangsters, cherche de l'aide auprès d'un chauffeur de taxi, qui ne se laisse pas manipuler.

- Un jeune garçon trouve le Loc Nar, le soumet à un éclair : téléporté dans un nouveau corps, plus fort, sur une autre planète, il rencontre une jeune femme dans le même cas. Après avoir tué bien des ennemis, ils font l'amour comme des bêtes et le garçon refuse de revenir sur Terre, ou même d'utiliser le Loc Nar pour diriger le monde.

- Le Loc Nar apparaît dans une station spatiale où une figure populaire, le capitaine Sterrn est en train d'être jugée pour une série d'actes odieux. Le Loc Nar possède un témoin censé blanchir le capitaine, qui charge au contraire le coupable, puis se met à détruire la station. Sterrn l'expulse dans l'espace.

- Le Loc Nar apparaît dans une forteresse volante américaine et possède les cadavres des aviateurs.

- Le Loc Nar pousse des extraterrestres à kidnapper une secrétaire du Pentagone et un expert scientifique, qui atterrit en bouillie. La secrétaire trouve l'amour dans un robot mais exige un mariage juif.

- Sur une planète, une cité civilisée est assiégée par des Barbares possédés par le Loc Nar. Les derniers survivants convoquent un guerrier. ce dernier émerge trop tard pour les sauver, et s'avère être une femme en cuissardes, avec un string et une épée (son nom est Taraak). Elle fait la peau du chef des Barbares puis se sacrifie pour tuer le Loc Nar

- La jeune fille du début, terrifiée par le Loc Nar, voit celui-ci s'amenuiser. Elle sort du manoir qui explose, puis grimpe sur la monture volante de Taraak et parcourt la galaxie pour la défendre.

Ne cherchez pas un contenu particulier en-dehors d'un message pacifiste qui n'exclue pas l'humour noir : ce film est pure fantaisie, et j'oserais dire "Dark fantasy". Les histoires finissent rarement bien, tirent sur tout ce qui bouge, les personnages sont des archétypes piqués à un peu toutes les traditions (polar, romans pulp, Lovecraft...). La musique est tantôt composé de vieux metal à la "Deep Purple", tantôt de musique symphonique qui rappelle le thème de "John Carter". Il y a aussi beaucoup de femmes à forte poitrine, et elles peinent à garder leurs vêtements jusqu'au bout. Je trouve ça scandaleux.

Si les dessins sont beaux et variés, l'animation est fort peu convaincante, par exemple pour les objets volants. Il y a même quelques plans fixes qui font office de cache-misère. Les couleurs sont plutôt criardes et psychédéliques : des applats d'ombre, des jeux de lumière auraient pu faire beaucoup pour améliorer ce film qui en l'état rappelle un peu "La langouste ne passera pas" de Jean Yanne.

Et pourtant, tous les bons ingrédients sont là. Le passage où Taraak survole un paysage restitué en rotoscopie est fascinant et onirique, mais hélas bien isolé, et on sent qu'il a été étiré parce que les producteurs étaient conscient de tenir quelque chose. La séquence où elle s'habille est aussi envoûtante, mais j'aimerais l'avis d'une femme, je ne me sens pas objectif. ^^ La dernière histoire est à mon sens la plus marquante, grâce à cette séquence de vol et aux cuissardes de l'héroïne.

"Metal Hurlant" aurait pu être un long métrage d'animation vraiment important, mais son humour et quelques passages travaillés ne suffisent pas à masquer sa médiocre réalisation. C'est un peu comme un film de fin d'études : on sent le potentiel, mais ce n'est pas un produit complètement fini. Rien n'empêche de voir dans le film plus que ce qu'il est, de le rêver mieux qu'il n'est. L'imagination sert aussi à ça.
zardoz6704
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le 7 sept. 2013

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zardoz6704

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