"Donde es la cabeza?............Scientifica!"

Dans une région reculée de la Cordillère des Andes, le corps d’une femme est retrouvé décapité. L’officier de police rurale Cruz mène l’enquête. David, un homme fragile qui est aussi le mari de Francisca, maitresse de Cruz, est vite le principal suspect. Les victimes s'accumulent.


Meurs, monstre, meurs un drame horrifique argentin d'Alejandro Fadel de 2019.
A l'instar du film mexicain de 2017, La région sauvage, Meurs monstre meurs est un ovni cinématographique inclassable mais également un film qui prend des risques.


Attention spoilers


Meurs monstre meurs commence avec une séquence d'une grande violence qui met le spectateur mal à l'aise, ce sentiment ne le quittera plus jusqu'au générique de fin.


Le scénario du film met en scène une enquête criminelle en vue d'élucider une série de crimes violents par une brigade de police argentine composée d'agents tourmentés mal dans leur peau. Cruz (Victor Lopez II), principal personnage du film est un flic malheureux, d'autant plus malheureux depuis l'assassinat de Francisca, sa maitresse. Cruz aime dessiner les hauts sommets de la Cordillère des Andes, danser et se contorsionner devant les miroirs. Le commissaire (Jorge Prado), spécialiste des phobies, est un homme inquiétant qui a un point de vue tout à fait original sur l'enquête.
Le suspect, David (Esteban Bigliardi) entend des voix disant "Meurs, monstre meurs" et il aperçoit des gangs de motards la nuit tombée.


Multiples influences
Meurs monstre meurs interpelle par ses influences multiples: la démonstration de l'incurie policière (The strangers, Memories of murder...), les grands espaces déserts, l'aspect d'un céphalopode étrange de la créature qui rappelle le monde de Lovecraft (La région sauvage).
Le métrage se singularise par son ambiance glauque et poisseuse ainsi que par la cruauté de certaines scènes (Tête de femme à moitié ensevelie aux pieds des pattes d'un gros cochon dans une étable..), les victimes dans un triste état n'étant plus, après leur mort, que des monceaux de viande et d'abattis .Pendant une grande partie du film, on se demande même si les ombres que l'on voit au second plan ne sont pas sorties de notre imagination ou de celles des personnages. N'oublions pas les dialogues surnaturels ou grinçants entre les principaux protagonistes.


Misogynie
L'un des thèmes centraux du film est la misogynie démontrée par les assassinats ultra violents de 4 femmes par une créature au long appendice tentaculaire, symbole d'un monstrueux phallus symbolisant le mépris pour les femmes dans ces territoires reculés.


Le monstre
Jusqu'à sa ce que l'existence physique de la créature devienne incontestable, on se dit que ces meurtres violents sont les manifestations d'un machisme ultime et de la noirceur de certains protagonistes du film.
Alejandro Fadel a choisi de donner une apparence - discutable - à sa créature moche et très sexuée. Si sa queue fait penser à un long appendice pénien, sa gueule, sorte d'immense vagin denté, peuplée de multiples crocs a fait sombrer dans l'hilarité la moitié de la salle, ce qui n'était certainement pas l'effet recherché. Le mal est souvent beaucoup plus inquiétant lorsqu'il demeure tapi dans l'ombre que lorsqu'il prend forme...


Pour conclure, Meurs monstre meurs est une production résolument originale dans le domaine horrifique.
A mi chemin entre le film d'horreur cauchemardesque au rythme lent, aux multiples effets gore et le film d'auteur aux accents surréalistes, Meurs monstre meurs m'a personnellement favorablement intrigué tout en conservant un certain nombre de zones d'ombres suscitant chez moi moult interrogations (A l'instar du film coréen The strangers).


Le film a été présenté à la quinzaine cannoise 2018, à l'Etrange Festival 2018, au Festival de Gerardmer ainsi qu'à celui de Sitges.


Le film a été tourné en Argentine dans la cordillère des Andes ainsi que dans la région de Salta.


Ma note: 6/10

dagrey
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le 31 mai 2019

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dagrey

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