« Pourquoi tu cries jamais quand on fait l’amour ? »

Jason Voorhees itère une nouvelle série de massacres sanglants.

L'on s'aventure, avec une témérité confinant à l'inconscience, dans les abysses d'une franchise qui, après avoir itéré son propos à deux reprises, s'obstine à réitérer une formule déjà éculée pour la troisième fois. Car, il faut le proclamer avec une solennité empreinte de lassitude, ce Meurtres en 3 dimensions n'est qu'une redite superflue, un simulacre qui ne possède aucune caractéristique distinctive, aucune once d'originalité salvatrice par rapport à ses deux précédents volets. Il s'agit là d'une entreprise artistique d'une indigence affligeante, un décalque paresseux qui, loin de renouveler le genre, en accentue les tares les plus flagrantes.

La prétendue innovation de la tridimensionnalité, jadis vantée comme un prodige technologique capable de révolutionner l'expérience spectatorielle, paraît aujourd'hui d'une opportunisme criant. Les images où cet effet était censément efficient abondent, à l'instar de ce yo-yo balancé avec une insistance grotesque vers l'objectif, ou de ces objets incongrus projetés avec une maladresse ostentatoire vers le public. Ces artifices visuels, loin d'immerger le spectateur dans la terreur, ne font que souligner la vacuité narrative et la faiblesse intrinsèque d'une œuvre qui, sans ce subterfuge technologique, n'aurait eu que peu de raisons d'exister. Le film, manifestement, fut si éperdument investi dans cette nouvelle technologie qu'il en oublia de tisser une trame cohérente, reléguant l'histoire à un rôle de simple prétexte.

Quant à la galerie de personnages, elle ne déroge point à la règle de la stéréotypie la plus éculée. L'on y rencontre notamment l'archétype du paria social, un jeune homme bedonnant dont les répliques, empreintes d'une auto-dépréciation pathétique, telles que "T'aurais envie d'être toi-même ? Si tu ressemblais à ça", ne parviennent qu'à susciter une pitié contrainte, loin de toute empathie véritable. Ce personnage, censé incarner les affres de l'isolement social et de la honte corporelle, n'est qu'une caricature grossière, une raison à peine esquissée pour justifier quelques interactions forcées avant l'inévitable dénouement sanglant.

Certes, l'on ne saurait passer sous silence l'événement qui, pour les aficionados du genre, confère à ce métrage une once de pertinence historique : l'emblématique Jason Voorhees revêt enfin son mythique masque de hockey. Ce moment, tant attendu par les puristes, est sans conteste le seul élément véritablement mémorable de ce naufrage, une maigre consolation dans un océan d'insipidité. C'est là, et là seulement, que la franchise trouve son identité visuelle la plus reconnaissable, un symbole puissant qui, paradoxalement, éclipse la faiblesse incommensurable du métrage qui l'a vu naître.

Bref , cela se dresse comme un monument à l’inanité artistique, une œuvre qui, malgré quelques fulgurances iconiques, demeure un témoignage accablant de la répétition stérile et de l'opportunisme technologique. Son succès commercial, s'il fut avéré, ne saurait masquer l'indigence de sa substance, le reléguant au rang de curiosité cinématographique plutôt que de chef-d'œuvre du genre.


Trilaw
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le 1 juin 2025

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