Friends through eternity, loyalty, honesty, we'll stay together through thick or thin.

Drafthouse Films, producteur de The ABCs of Death, bobine ayant fait pas mal parler d’elle avant d’être sortie, nous prouve une nouvelle fois que les films « c’était mieux avant ». On les retrouvait déjà derrière l’improbable projet The FP, où dans un futur alternatif les gangs se livraient des luttes de Dance Dance Revolution à mort. Cette fois-ci ils nous ont déterré un produit datant réellement de l’époque des bouclettes, lunettes fluos et autres guitares fantaisistes : les années 80. Une époque que représente à la perfection Miami Connection, revêtissant tous les traits absurdes des productions d’antan, avec à sa tête le gentil groupe de rock qui fait du Taekwondo et évidemment le gang de ninjas à moto qui vont leur donner du fil à retordre. C’est naïf, la plupart du temps mal joué, mais on a l’impression de voir une fusion entre le dessin-animé Lucile, amour et rock’n'roll et le jeu vidéo Streets of Rage. Une scène est l’occasion de voir notre groupe sur scène jouer des morceaux étonnamment pas dégueulasses pour un tel B-movie (« Against The Ninjas » ou « Friends » vont à coup sûr finir dans votre playlist favorite de soirées alcoolisées), et lors d’une autre ça vole dans tous les sens, de façon propre durant tout le film, avant de partir dans le gore qui tâche lors de son final (oooouh cette décapitation au katana !).
Chaque réplique est culte de par son ridicule, ainsi que la plupart des scènes, et évidemment ceux qui les lancent, et la soeur du méchant lâche le maître mot en lui hurlant « how can you act like that ?! », ce qui pourrait avoir comme double sens « pourquoi tu joues/te comportes comme ça ?! », aussi bien en français qu’en anglais. Nous n’oublierons pas non plus les conversations entre bad guys qui sont essentiellement composées de « son of a bitch ! », avec une variation où l’un s’écrit « next time i’ll kill your ass ! » — OUI, on peut tuer un cul; c’est probablement de là que vient l’expression « handicapé du cul », non ?
Vous l’aurez compris, ça ne vole pas haut, mais ça devient encore plus attendrissant lorsque le réalisateur et scénariste Y.K. Kim ajoute au nœud majeur un nœud mineur où l’un des gentils retrouve la trace de son père qui l’avait abandonné étant enfant, donnant lieu à un monologue larmoyant totalement impayable (Drafthouse a d’ailleurs fait un wallpaper épique avec la réplique « I found my father… Oh my God ! »). Y.K. Kim en profite même pour rajouter au générique « Only through the elimination of violence can we achieve world peace. » — SO CUTE.
On notera aussi une absence totale de racisme, qui était pourtant le fond des films d’exploitation des bobines à trois sous des années 80. Pas d’injures comme « pédé » ou « métèque » comme c’était légion dans les Bronson, ici notre team est hétéroclite, à l’instar des adversaires, et finalement si tout le monde a des côtés un peu cliché nous sommes devant un pamphlet sur l’amour et la paix (ouais tavu).

Au-delà du film en lui-même venons-en à la technique, car la bobine datant de 87, on ne pouvait pas s’attendre à grand chose de miraculeux… Et bien si ! Le travail de restauration est étonnant ! Le grain est propre, les contrastes sont profonds, la haute définition révèle une multitude de détails, prouvant que malgré le registre dans lequel se case le film un soin avait été appliqué à l’époque afin d’avoir la meilleure image possible. Évidemment il y a des défauts, notamment des tâches et lignes verticales en début et fin de bande, puis on décèle des changements de master en cours de scène (surexposition, changement de contraste, etc), mais cela reste heureusement anecdotique. Lorsque l’on voit le « travail » qui avait été fait sur le bluray de Robocop on se dit que ça n’est finalement pas la notoriété du produit qui donne le meilleur résultat.
Au final Miami Connection est l’ultime B-movie gentillet et distrayant que vous trouviez en lot en VHS, et vient même s’élever au-dessus de ce statut peu flatteur. Nous sommes devant un film vestige d’une époque, que ça soit dans la manière de filmer, de jouer, de mettre en scène, de photographier, de sonoriser, tout cela de façon à avoir l’air cool et plaire aux ados. C’est plein de fraîcheur et le bluray est bourré de bonus. Et si vous avez quelques dollars à lâcher, sachez que Drafthouse Films ne s’est pas foutu de la gueule du public en matière de produits collectors, BO sur vinyle, coffrets, t-shirts, affiches, il y en a pour tous les goûts (mais pas pour tout le monde, les 800 vinyles disponibles sont partis instantanément !).
SlashersHouse
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le 16 déc. 2012

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