Midori
6.4
Midori

Moyen-métrage d'animation de Hiroshi Harada (1992)

Un beau jour de 1992, Hiroshi Harada eut une idée pour le moins culottée : adapter le manga "La Jeune fille aux camélias" de Suehiro Maruo au cinéma. On parle là d'un grand classique de l'ero-guro qui a derrière lui l'un des maîtres du genre. Ce genre là que l'on peut trouver édité aux éditions Le Lézard Noir et Ki-Oon n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Au contraire, on serait presque tenté de le lire à l'abri des regards indiscrets afin d'éviter tout jugement fallacieux à notre encontre. Bienvenue dans le genre le plus trash créé à ce jour où toutes les frontières de la bien-pensance sont allègrement traînées dans la boue et qui, on l'espère, restera éternellement épargné de la peste politiquement correcte. Non pas que je sois un laudateur de l'ero-guro mais m'étant depuis toujours voué corps et âme à l'éclectisme et contre la censure, je me dois de prendre parti, quand bien même j'avais été dégoûté plus d'une fois.


Pour m'y connaître un chouïa, "La Jeune fille aux camélias" n'est pas l'ero-guro le plus trash qu'il m'ait été donné de lire quand, en face, j'avais osé approcher DDT et surtout Le Labyrinthe des Rasoirs qui fut proprement répugnant à lire. Mais cela n'empêche pas "Midori" d'atteindre des sommets dont, à ma connaissance, aucun film d'animation européen n'a réussi à atteindre. "Midori", c'est un conte macabre et grotesque où l'on ressort quelque peu sali par ce que l'on a vu. A ce sujet, la transposition cinématographique est davantage plus perturbante, plus compréhensible et plus hypnotisante que le manga papier qui ne m'avait pas transporté plus que cela. La patte artistique est splendide avec un parti-pris osé rappelant les vieilles estampes de jadis et très souvent des arrêts sur image lors de scènes assez glauques.


Le réalisateur fait honneur au matériau scandaleux de Maruo sans l'édulcorer un seul instant. Il retransmet le désordre ou dirons nous la folie générale jusqu'à annihiler toute conscience du spectateur qui se demande dans quel pétrin il s'est vautré s'il ne s'y était pas préparé. Ainsi, "Midori", par l'intermédiaire de son héroïne, explore les vicissitudes de l'âme humaine sans s'embarrasser de choquer son audimat. Scènes de violences sur mineure, gore décomplexé, pédophilie, fétichisme sexuel douteux (le fameux léchage d'oeil), tortures diverses et personnages difformes sont des mets exquis en leur genre qui en feront fuir plus d'un.


L'ero-guro est fascinant, en un sens qu'il suscitera soit du dégoût, soit sera un énorme défouloir dérangeant. Il n'y a pas d'entre-deux et c'est à ce niveau que cette adaptation plus qu'honorable suscitera le débat. Même si les acrimonies seront logiquement de la partie, on ne peut contester un raffinement délicieusement macabre que l'on évitera de mettre entre les mains d'un public juvénile et/ou non averti.

MisterLynch
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le 7 sept. 2022

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MisterLynch

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