Jazz à l'Espagnole

Au début des années 80, Jess Franco retourne en Espagne et initie une longue période expérimentale dans sa déjà très longue carrière. Tournant à la vitesse de la lumière, il signe 9 films au cours de l'année 1984 dont ce Mil Sexos tiene la Noche, étrange excroissance de ses précédents travaux ici dénuée de toute considération narrative. Parce qu'il faut bien un semblant de liant scénaristique, l'intrigue suit un fil très ténu mélangeant suspense meurtrier et thriller télépathique mais Franco affirme à nouveau ici sa capacité à s'affranchir de toute justification pour faire ce qu'il a toujours fait de mieux : filmer les corps, de préférence féminins, réitérer à l'infini les formes en les modulant au gré de l'inspiration du moment, à la recherche du moment mémorable qui ne sera peut-être jamais atteint, de la captation de l'éclair dans la bouteille ou, mieux encore, d'une fracture rétinienne menant à l'extase. Grand amateur de jazz, Franco improvise comme les musiciens dont les partitions illustrent souvent ses images, proposant encore et toujours des variations sans cesse renouvelées, ici focalisées sur le corps d'une Lina Romay abandonnée au regard érotomane de son réalisateur amant. Les détracteurs détestent absolument, les amateurs quant à eux sauront se délecter de l'univers si particulier de Franco, cinéaste dont la recherche de liberté absolue se ressent dans ce Mil Sexos tiene la Noche.
BRD Z0 USA Mondo Macabro
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0087723/