Après avoir vu et adoré la trilogie suédoise réalisée par Niels Arden Oplev pour le premier film puis Daniel Alfredson pour les deux autres, j'étais très sceptique quant à la version américaine. Certes, Fincher est aux commandes mais le film n'est-il qu'un simple remixage à la sauce américanisée avec des héros ultra-lisses qui s'amusent à imiter des suédois ? Telle était ma principale crainte avant le visionnage.


Le résultat est décevant. Tout d'abord, ce film est un remake qui n'apporte rien de plus que les films originaux. On voit pendant 2 heures 40 (ce film est bien trop long) des américains jouer aux suédois justement avec l'héroïne (plutôt bien interprétée par Rooney Mara bien qu'un peu mièvre par moment et en dessous de Noomi Rapace) qui mange Macdo et boit du coca dans la moitié de ses scènes. En ressort de cette réappropriation culturelle des répliques ridicules telles que "Je ne repeins pas mon passé avec du vernis de table Ikéa" lol ikéa Suède t'as compris humour qu'est-ce qu'on se marre.


Le deuxième problème du film est sa vitesse : il rush l'intrigue bien trop rapidement au point que j'ai eu l'impression de ne pas assister à une progression de l'enquête mais à des "révélations" expliquées à coup de "Lisbeth a trouvé en hackant". Ce traitement hâtif nuit à la compréhension de certaines scènes. Exemple, la toute première séquence juste avant le générique (génial soi-dit en passant) que l'on peut résumer à :
"- On m'a envoyé un cadre.
- On fait quoi ?
- On enquête"

générique


D'accord mais comment, pourquoi, qui, où, dans quel but ? La simplicité narrative sert souvent à ne pas alourdir le film mais il faut veiller à ne pas confondre simplicité narrative et narration simpliste.


La vitesse de la narration empêche de construire un background aux personnages. Ce qui n'est pas logique puisque nous assistons à beaucoup (trop) de flashbacks uniquement pour raconter l'histoire de la famille Vanger. Attention, je ne suis pas fan des histoires où chaque détail concernant un personnage est expliqué, le mystère permet d'impliquer le spectateur par le biais de son imagination. Mais le personnage n'a aucun ou presque pas de passé défini dans un film où on doit les suivre pendant 2h, c'est gênant aucune empathie ne se crée. De ce côté-là, c'était le gros point fort de la trilogie suédoise : construire une identité riche à Lisbeth pour comprendre que c'est elle le personnage principal. Une trilogie laisse plus de place au développement des identités d'un personnage et il aurait mieux valu que Fincher se focalise sur Lisbeth.


Et on en arrive à une négation assez grave de la part de Fincher, un énième héros aux bonnes valeurs dont le personnage principal féminin est complètement dépendant. La Lisbeth de Fincher décline peu à peu de figure indépendante pour servir puis devenir le love interest de Mikael. La Lisbeth suédoise est un personnage fort, ne correspondant absolument pas aux canons de beauté habituels, existant complètement sans Mikael. Le background de la Lisbeth américaine n'est tellement pas développé que lorsqu'elle avoue avoir assassiné son père à 12 ans, Mikael ne répond rien.


T'es sûr que t'as aucune question mec ?


Pour finir brièvement sur la partie technique du film, les images sont très belles mais trop lisses. La réalisation d'Oplev et d'Alfredson, davantage intimiste et modeste, conférait un impact viscéral aux films donc plus percutant pour coller aux imperfections mais surtout à l'humanité des personnages. Fincher nous offre du grand spectacle en décalage par rapport aux caractères de Mikael de Lisbeth, les posant en héros et non pas en humains.


En clair, la trilogie est mieux, offrant une réalisation fidèle à l'esprit des personnages.

LuffyTrancy
4
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le 11 juil. 2016

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La Guirlande

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