this is the end

L'humanité a beau se bercer d'illusions, tenter vainement quelques efforts largement insuffisants, rien ne semble lui permettre d'éviter la disparition de l'espèce. Parce les décideurs, politiques et industriels, continuent à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. C'est visiblement ce que Clooney veut exprimer comme point de vue. Du coup de grâce final, on ne saura rien, et peu importe que ce soit de la pollution, une guerre nucléaire, un incident industriel ; dans notre univers actuel nous n'avons que l'embarras du choix. La question n'est pas quoi, ni comment, juste quand. Clooney situe ça dans à peine 30 ans.

Il y a toutefois une question qui me vient, non pas sur le film, mais sur le réalisateur, Clooney himself : pourquoi a t-il voulu faire ce film ? Certains lui reprochent déjà d'avoir copié d'autres films de SF, sans trouver son propre ton. Personnellement, je n'ai pas fait ses rapprochements, mais l'amie avec qui je regardais le film a pensé à Interstellar et Gravity ; ce que l'on retrouve souvent comme référence dans les critiques qui torpillent ce film. Non, ce film a pour moi sa propre identité, avec un ton très mélancolique (trop), et Clooney est difficile à reconnaitre dans ce personnage de chercheur que le cancer dévore. Seule touche d'ironie du film, c'est un type inguérissable qui va survivre, un temps, à l'humanité. Dans ce film (je ne sais pas pour le livre qui semble légèrement différent), il n'y a pas de plan B, pas de Jour d'après, juste la fin ; et ce n'est pas les quelques survivants restant à la fin du film qui semblent avoir la moindre chance de vivre vieux. J'imagine que pour beaucoup de spectateurs, ce point de vue est insupportable, gonflés de notre orgueil d'espèce dominante qui n'a toujours pas compris quand dans un univers de 14 milliards d'années, nous ne sommes qu'une peccadille dans l'histoire du temps et de l'espace. Alors pourquoi faire ce film ? Un ultime avertissement ? On pourra forcément voir des liens avec la pandémie actuelle de Covid19 : une dispersion rapide, l'impossibilité de ne communiquer avec nos proches qu'à travers des écrans... Quoiqu'il en soit des intentions, Minuit dans l'univers ne marquera pas les annales des films post-apocalyptiques ; mais il reste un film à regarder malgré cela pour le message qu'il nous envoie : faire un pas de plus dans l'acceptation de l'inéluctable. Et puis le film finira pas nous surprendre un peu par son côté romantique, un ultime pied de nez du destin. Dommage toutefois que la narration soit alourdie par des scènes inutiles, comme la mort d'une astronaute, ou la vie dans le vaisseau spatial. Clooney c'est vrai, se perd un peu dans la réalisation, touchant presque son sujet, mais au final le ratant : le film tire en longueur et risque de perdre des spectateurs en cours de route. Il y a des œuvres littéraires qui supportent mal la mise en image, Minuit dans l'univers semble en faire partie.