L'incruste : fallait pas le laisser entrer

Difficile de pouvoir donner un avis positif ou négatif sur ce film, tant il n'est pas facile d'accès. Déjà par sa réalisation très froide mais aussi très prétentieuse, le ton est donné dés sa scène d'ouverture et la musique qui vous en met plein les oreilles, ce que vous allez voir sera sale, choquant et vous mettra mal à l'aise.
Mise à mort du cerveau sacré est l'exemple même du cas classique de film à analyser qui va beaucoup passer par la symbolique des images, le rapport entre les personnages. Et dans ce sens, le film peut paraître ennuyeux et exige de s'y abandonner complètement pour pouvoir comprendre cette effrayante histoire qui va se terminer dans ce qui est sûrement le final le plus puissant de l'année. La réalisation est très démonstrative, un peu comme pour nous dire vous ne faites pas partie de ce monde, et on ne veut pas vous y laisser entrer. En témoigne, le dialogue au début entre Steven et son collègue sur les montres et l'ami horloger du collègue, et puis Steven et sa famille parfaite, une très belle femme (médecin elle aussi), une fille dans la chorale du lycée et un petit garçon qui a des bons résultats à l'école. Tout ce petit monde va être confronté à ce qu'il y a de pire et leur vie va peu à peu s'effondrer pour les changer à jamais. Une vie si tranquille et monotone qui va être bouleversé par Le mal sous la forme d'un jeune garçon, brillant Barry Kheogan.
Tout est fait pour vous mettre mal à l'aise et ne pas vous faire passer un moment, par le mode de vie de cette famille si parfaite, leur rapport entre eux, il est même intéressant de voir au début, par exemple, que les seul moments où l'on aura des vrais discussions et des instants familiaux ce sera entre Steven et son bourreau. Un étrange rapport père/fils s'installe entre les deux et tout sera suggéré sur la vrai identité de ce jeune homme jusqu'à cette effrayante révélation. Tous les moments entre cette famille de bourgeois sont volontairement gênants et distant, la famille chez laquelle vous n'aimeriez pas être invité à dîner. Un malaise qui se caractérise aussi par la sexualité du film, très sale et malsaine. Il y a un rapport avec la masturbation avec chaque personnage qui peut faire sourire mais est plutôt intéressant, chacune de ses scènes montre une certaine distance qui reste entre les personnages.
Steven et sa famille sont peut être encore plus effrayant que Martin et son air toujours passif, qui va pousser à bout cette famille, qui finalement se révélera n'être que le témoin des failles de cette famille. Cependant à force de trop vouloir nous mettre mal à l'aise, l'écriture est parfois un peu confuse et nous perd un peu dans des tunnels de dialogues interminable, ou dans des symboliques qui demandent une attention très particulière. Pourtant de sa première à sa dernière scène, la réalisation de Yorgos Lanthimos est parfaite et visuellement très réussi, il est toujours très beau à regarder comme son casting impeccable qui passe par un Colin Farell toujours au porte de la folie ou Nicole Kidman et son jeu froid et parfait. Et sa bande originale qui vous met elle aussi volontairement sur les nerfs avec ses sons stridents et grinçants.
Si le film risque de beaucoup diviser son public, il réussi au moins le pari de créer un certain malaise et offrir une longue descente aux enfer psychologiquement éprouvante puisqu'il ne laisse aucun répit. Une lente mise en tension qui vous laisse sans voix après son final d'une puissance psychologique rarement aussi intelligemment montré.