Tim Burton propose son dix-huitième long-métrage qui s'inscrit dans l'univers fantastique qu'il chérit tout particulièrement (Beetlejuice, Edward aux mains d'argent, Sleepy Hollow,...). Le film débute par un générique très composé, travaillé principalement à partir de photos vieillies, nous installant dans un certain thème, accentué par la musique de Mike Higham et Matthew Margeson. Donc après le générique appelant au fantastique, à une époque marquée (Seconde Guerre Mondiale) et à un ton sombre, s'oppose la séquence d'ouverture qui se passe dans une Californie aux couleurs pastel, lumineuse et artificielle.


Miss Peregrine et les enfants particuliers raconte l'histoire de Jacob "Jake" (Asa Butterfield) qui, après la mort brutale de son grand-père adoré Abe, s'en va sur les traces d'une mystérieuse école au Pays de Galles où vivrait des enfants particuliers, c'est à dire dotés d’aptitudes incroyables. En se basant sur les histoires que lui racontait son grand-père, il s'en va à la quête d'une vérité le concernant.


Je suis pour ma part assez partagé sur ce film qui, en général, opère des choix évidents et donc se tourne vers une espèce de facilité. Les squelettes qui se réaniment pour aider les enfants rappellent ceux qui dansaient dans Les Noces Funèbres (2005), les monstres, les objets et même les décors ont des airs de déjà vu. Le fait que Jake préfère un monde plus sombre à celui, plus lumineux de la vie "réelle" a encore une fois un air de déjà vu également. Mais après tout, ce sont des éléments de fabrique comme des autres et puis ils sont souvent bien utilisés. Le problème réside dans le fait qu'ils sont appliqués à un film où globalement il y a peu d'énergie et de nouveauté. Il y a, en plus de cette tendance à manquer d'originalité, beaucoup d'éléments caricaturaux notamment au niveau des personnages. L'envoutante Eva Green est cantonnée au rôle de la directrice trop explicative qui fume la pipe. Les enfants particuliers ne sont vraiment particuliers que par leurs pouvoirs car ils sont pauvrement définis, des caractères flous et lourds de symboliques (la jolie Emma (Ella Purnell) tombe amoureuse de Jake parce qu'il est plus fiable qu'Abe, le jaloux Enoch (Finlay MacMillan) dont le pouvoir est de manipuler les morts pour les faire revenir à la vie,...). Judi Dench fait une brève et carrément inutile apparition (son rôle ne sert qu'à relancer l'action), la figure du père pourtant intéressante par sa fragilité est lui aussi envoyé aux oubliettes. Les acteurs sont en fait peu exploités. Une seule figure s'extirpe brillamment du scénario aussi explicatif et radoteur; Samuel L.Jackson. Il incarne réellement un fou furieux avec plus de subtilité qu'il n'y parait. Il confère au film une teinte sombre mais avec des aspects comiques, rappelant le personnage de Beetlejuice, avec un je ne sais quoi de séduisant.


Le rythme est mou, trop mou. Les vraies surprises sont rares et la dimension par trop explicative permet d'expédier les scènes qui s'enchainent. Ces scènes ont bien un but narratif mais elles sont dénuées d'autre intérêt. La temporalité très expliquée (avec les boucles de temps crées pour protéger les enfants particuliers) perd de son charme lorsque tout semble être automatique, ce qui arrive rapidement. La fin semble bâclée. Je préfère de loin les films de débuts de Burton ou encore ceux qui s’inscrivent dans un univers plus marqué, plus défini.J'ai des envies de retour en arrière. Peut être que Miss Peregrine et les enfants particuliers pourrait quand même ouvrir une nouvelle boucle dans le cinéma de Burton ? À voir, ou pas.

AliceDiaz
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le 27 oct. 2016

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Alice Diaz

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