Avis brut et qui manque un peu de cohérence, je tenais à prévenir avant lecture.


Ce film est horrible. Je n'avais pas visionnée la bande-annonce avant d'aller voir ce film comme à mon habitude. Je viens donc d'y jeter un œil. Pour tout ceux qui seraient attirés par cette bande-annonce -qui est plutôt belle et bien faite- prenez garde. C'est un leurre.


Je viens de la visionner à nouveau. C'est frustrant. Cette bande-annonce nous mène en bateau.


En gros elle nous propose de s'intéresser à des histoires d'amour (hahaha) croisés autour de la musique (hahaha).


Les histoires d'amour et de sexe du film sont raccourcis. Regards langoureux et/ou absents adressés à des partenaires hors de portée. La "beauté" du geste prime. Des gestes à la folie dans des grandes maisons vides. Tout est esthétisé mais rien n'a de sens. Tout est malsain entre les personnages. Rapports de forces et de dominations. Beurk.


Les personnages se roulent dans leurs couvertures, sur le sable et sur le sol vernis. Ils sont inintéressants. Prennent la pose comme des mannequins disloqués. Le tout dans de jolis espaces qui finissent par tous se ressembler.


Le film se déroule à Austin mais il aurait pu se passer n'importe où ailleurs, cela n'aurait rien changé. Personnellement j'aurais préféré qu'il ne se passe pas tout court.


Passons aux personnages. Là encore source de désespoir. Le casting était pourtant intrigant, sinon alléchant : Rooney Mara, Ryan Gosling, Michael Fassbender et Natalie Portman dans les rôles principaux. Ça en jette non ? Détrompez vous. Ils sont des pantins incarnant des personnages sans saveur. Voir pire, des personnages qui nous abrutissent par leurs objectifs, valeurs et modes de pensées.


Rooney Mara erre sans but pendant tout le film. Bouche entrouverte, doigts qui caressent sa bouche. Elle se plaint en voix off et nous avons gentiment (ou pas dans mon cas) envie de lui dire d'arrêter de se plaindre. De se barrer de ce quelle considère comme sa vie. Elle est pathétique du "début" jusqu'à la "fin" du "récit". Mots mit entre guillemets parce que le récit n'a tellement pas de sens qu'il aurait pu commencer n'importe quand dans le film au final on se serait ennuyé de la même manière.


Des existences qui ne servent à rien et qui se croisent, s'entremêlent. Rien n'a de finalité. C'est si pénible.


Le film dure deux heures. Une éternité. Supplice de me sentir glisser, de me terrer contre le fauteuil.


Mes voisins aussi s'affaissent. Nous n'avons pas envie de voir des clips pendant deux heures. Pourtant nous restons. On espère tous pour plusieurs raisons.


Ce n'est pas pour Terrence Malick que je suis restée. Je n'avais jamais vu ses films mis à part celui ci.


Je suis restée...Un peu pour Michael Fassbender, mon acteur fétiche. Enfin en ce moment il enchaine des films tellement médiocres que ça commence à me gaver. Parlons de son personnage, Cook. Un homme qui aime le sexe, qui cherche à être aimé et qui ne fait que détruire ce qui l'entoure. Un homme toxique en gros. Pervers aussi.


Il est un animal, une bête sauvage. Ses cris sont ceux d'un singe, son regard celui d'un prédateur. Un rapace, une créature monstrueuse. On nous montre ses "limites" et ses "défauts" qui n'entachent pas pour autant le désir que toutes les femmes semblent éprouver à son égard.


Honnêtement j'ai toujours trouvé cet acteur canon. Mais le physique n'est pas tout. Pourtant dans Song to song les femmes semblent littéralement attirées par son enveloppe corporelle. Elles découvrent qu'il est une ordure mais elles adorent ça. Elles se laissent détruire parce que le combo pouvoir-argent-beauté-musique ça fait rêver. Euh minute ? Toutes les femmes vraiment ? En tout cas tout les personnages féminins de "Song to song". Même les hommes cautionnent son comportement. Ça me semble aberrant que ce genre de personnage soit validé sans être critiqué ne serait-ce qu'une foutue seconde. Mais non. On le laisse tranquillement faire ses conneries. Aucun plan, aucun personnage ou aucune réplique ne le remet en cause. Il est comme le reste, montré. C'est tout. Il a beau être un connard misogyne avec toutes les femmes qui passent dans son lit le seul reproche qui lui est vraiment fait...Vient du personnage de Ryan Gosling :


"bouh t'es méchant tout plein tu as mis ton nom sur mon album, tu reçois les éloges à ma place bouhouhou"


Entendons nous bien : je ne cautionne pas le vol du travail artistique. Mais :


1) On a jamais vu ce "travail" donc il est difficile de compatir avec le blondinet. Blondinet qui fait le gros dur en cassant un verre à une soirée de bourges parce que son méchant producteur lui a volé son jouet -pardon- son travail.
2) Tu sens que c'est vraiment une pourriture à ce moment là le Cook. Que c'est trop méchant, que c'est mal. Voler un homme c'est mal. Par contre lorsqu'il considère les femmes comme des objets...Qu'il les utilise à sa guise tout au long du film...On ne dit rien ?


Les personnages sont des animaux qui déambulent dans leurs villas pleines de vitres. Oh et il y a beaucoup de rideaux qui se soulèvent avec le vent. Les personnages féminins se roulent lentement à l'intérieur. Elles sont trop contentes d'être des allumettes qui se roulent dans des bouts de tissus. Youpi. Bouches entrouvertes et regards hagards. Sans oublier les sourires et les rires de gourdes qui s'ensuivent. Elles battent lentement des paupières. Abordent des regards de biches apeurées. Ce film n'a aucun sens et en plus les femmes ont toutes l'air idiotes, fragiles et sans but. Encore plus que les mecs. Sympa.


Natalie Portman a les cheveux blonds. Elle est laide, triste et s'enferme aussi rapidement que Rooney Mara dans la boucle infernale du "je m'ennuie-je tue l'ennui en couchant avec un homme qui me méprise-je le suis partout comme un petit chien". Sauf que contrairement à l'autre, son personnage se tue. Fassbender erre alors dans sa maison immense et cherche vaguement à savoir ce qui l'a tué.


De toute manière on s'en fiche.


Film teinté de misogynie.


" Ultimately, Song to Song comes off a bit like some jilted male lover’s jealous, fantastical imaginings of their selfish ex’s life without them: jumping into other men’s beds on a whim, thinking only about herself until she finally sees the error of her ways. These are lives glimpsed rather than explored; we leave the film feeling both like we’ve seen too much of these characters and that we don’t know them at all." - Winston Cook-Wilson, rédacteur au journal Spin. (extrait de l'article complet qui se trouve ici : http://www.spin.com/2017/03/terrence-malick-song-to-song-review/)


Je n'aime pas spécialement Ryan Gosling mais c'est le seul qui a un personnage un minimum entier.


Je me corrige. En fait il est aussi minable que les autres. Son personnage j’entends. Pseudo chanteur-musicien qui joue trois accords sur un piano. Et puis il termine avec des mains salies par un travail manuel. Parce qu'au bout de deux heures de film il se rend compte qu'il ne veut pas ça oh le pauvre petit choupinou il a enfin comprit que toute cette vie d'artifices n'était pas fait pour lui, lui il va travailler avec des ouvriers qui ont la vie dure et puis il va s'allonger dans un champ plein de terre et mettre les pieds dans l'eau parce que c'est ça la vraie vie et comme c'est un homme un vrai il va emporter sa copine avec lui et elle est trop contente d'ailleurs parce que c'est ce qu'elle voulait aussi depuis le départ mais elle était trop cruche pour s'en rendre compte avant et en fait c'est grâce à lui qu'elle est enfin ce qu'elle voulait être. Ouahou, quel homme.


J'allais pas me donner la peine de structurer cette phrase qui prend la majeure partie du paragraphe précédent. Quand tu sais que Malick avait énormément de rushes et qu'il a coupé pour nous vomir ce bordel "organisé" je vois pas pourquoi je me casserais la tête à couper le flot de mes pensées.


Les caméos d'Iggy Pop et Pattie Smith (entre autres) ne servent à rien. Iggy Pop se marre avec Fassbender, Pattie Smith défend Rooney Mara. Ou son personnage. On en sait rien et puis de toute façon on s'en fiche. Le montage rapide des plans qui n'ont rien à voir entre eux (et pourtant c'est presque tous les même) continue inlassablement. Je n'ai pas été délivré au bout des deux heures de film. "Song to song" me hante encore et pas dans le bon sens du terme.


Ah et puis si vous pouvez lire la critique de Jean-Philippe Tessé (dans le numéro juillet-août des Cahiers du Cinéma). Il explique avec des mots pertinents en quoi ce film est abject.


Doit on vraiment continuer ? Rien n'a de saveur dans ce film. Passé l'introduction vaguement intrigante car légèrement énigmatique on s'emmerde et on se révolte pendant deux heures en ayant la sensation désagréable de crier dans une pièce vide. Ce film n'a aucun intérêt. Un réalisateur peut filmer le vider en nous fascinant. Il peut filmer des personnages mauvais et nous faire passer des messages à travers eux. Il peut faire du bavardage sans que cela empiète sur l'histoire. Bref un réalisateur peut réaliser un film digne de ce nom et T.Malick avait le matériel pour. Le résultat est loin d'être digne. "Song to song" est simplement un (très) long-métrage ennuyeux, décourageant et pathétique.


(https://alicedanslescinemas.blogspot.fr/2017/07/abject-song-to-song-de-terrence-malick.html)

AliceDiaz
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le 25 juil. 2017

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