Le film démarrait pourtant bien. On découvre la fameuse Miss Sloane, lobbyiste de renom, dans toute sa splendeur. Directe, autoritaire et couronnée de succès, elle se voit proposer un défi hors de son champ d’action habituel: empêcher une loi sur la régulation des armes d’être votée. Poussée, semble-t-il, par ses convictions personnelles, elle décline l’offre pour être ensuite débauchée pour représenter l’autre camp par une agence de lobby moins puissante, moins prospère, mais bien plus éthique. Elle devient alors l’adversaire de son ancien employeur.


Il est toujours compliqué d’apprécier ces personnages qui ont toujours, on ne sait comment, trois coups d’avance sur les autres. Ultra-carriériste, insomniaque, méprisante et manipulatrice, le personnage de Miss Sloane n’a pour relation sociale qu’un escort qu’elle engage régulièrement et avec qui elle refuse d’échanger la moindre information personnelle. La personnalité de type A à son paroxysme. Heureusement, Jessica Chastain parvient à donner un côté humain à ce qui ressemble pour l’instant à un robot. Portée par sa fierté, son ambition et sa détermination sans bornes, Miss Sloane dévoile petit à petit ses failles bien que son cynisme permanent nous fasse douter de leur véracité.
Le film de John Madden se transforme assez vite en un thriller politique, les deux camps se battant pour acquérir les votes de sénateurs. Prenant, réaliste (?), il ne laisse pas le temps au spectateur de se reposer dans cette course contre la montre qui nous fait (re)découvrir les coulisses de la politique américaine.


Franchement, tout allait bien, jusqu’à ce qu’on rentre dans les dernières 20 minutes. Difficile de ne pas tout dévoiler ici. Alors que Miss Sloane est dos au mur, elle abat sa dernière carte en mode deus ex machina et vient gâcher un film qui jusque-là tenait la baraque.


Le coup du cafard téléguidé pour piéger un Sénateur, vous êtes sérieux les mecs ? On se croirait dans un James Bond des années 60-70. Même si c’était possible on refuserait d’y croire.


Entre ça et le monologue sur le sens de l’éthique devant la commission, le film force à mort et vient enterrer tout le bon travail effectué jusqu’à present.
Très bon pendant 1h50, désolant pendant 20 minutes.

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le 2 mars 2017

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Jake Elwood

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