Le seul film ou le chewing gum est plus fort que l'arme à feu

Mission Impossible fait partie de cette longue franchise, ou les créateurs auraient du s'arrêter au premier.
Si je n'ai jamais vu pour ma part, la série originelle qui vraisemblablement consistait juste en du vol de document envers des nations ennemies, ou plutôt une en particulier (indice: ils roulent les "r"), et que son adaptation a fait grincer des dents à un bon paquet de fans, Mission Impossible ne s'en avère pas moins un blockbuster très agréable.
Déjà, parce que, soyons franc, Brian DePalma n'a jamais été aussi bon que lorsqu'on lui demande de la commande formelle. Si son Obsession s'en tire avec les honneurs, le reste de sa carrière auteuriste flirte entre futur téléfilm un peu osé de M6 et anulingus cancéreux sur la dépouille d'Alfred Hitchcock, qui certainement n'en demandait pas tant (en particulier Dressed to Kill ou Brian n'aura jamais eu honte une seule seconde de me ramener à la vie ce zombie cinquantenaire qu'était Angie Dickinson dans un pseudo remake de Psychose visiblement produit par Marc Dorcel, mais bon je m'égare).
Confier un projet à 80 millions de dollars, contrôlé par un acteur star, c'était le genre de défi qu'il fallait dans la carrière de DePalma, ou il combat pour insérer ses thèmes tout en devant lâcher la copie de découpage hitchcockien pour faire du vrai divertissement: bref rendre notre bon gaillard créatif.
Ensuite, le scénario est peut être celui d'espionnage le plus moderne dans ces 20 dernières années hollywoodiennes. D'abord parce que la guerre froide est définitivement abandonnée alors que beaucoup s'y sont accrochés même encore aujourd'hui (voir le 4ème épisode).
Mais surtout, il arrive à faire tourner son intrigue sur autre chose que la plupart des grands axes maléfiques d'aujourd'hui que son le cartel de la drogue (auquel s'est frotté Bond) ou les marchands d'armes (voir 3ème épisode). Le MacGuffin du film est simplement une liste d'agent infiltrés à l'étranger et ça marche.
Jouant plus sur la paranoïa de l'intrigue que miser sur des scènes d'actions de fou furieux (bien que...), Mission Impossible malmène son héros (un des derniers bons rôles de Tom Cruise avant qu'il ne se transforme en espèce de surfeur californien tellement stone qu'il sourit tout le temps) et en fait un homme rageux, perdu et torturé.
Le sadisme est poussé jusqu'au role d'Emmanuelle Béart.
Magnifique Emmanuelle dans ce film, qui depuis est devenue malheureusement une pancarte publicitaire ambulante pour son chirurgien esthétique.
De part son personnage, elle crée un complexe d'œdipe, qui fera que ce pauvre Ethan Hunt ne pourra jamais lui ouvrir son fabuleux décolleté, étant la femme de son "père", ce qui provoquera une des plus grandes frustrations de ma misérable vie sexuelle pré pubère à l'époque ou j'appuyais pause sur ma cassette vidéo de peur de rater le plan poitrine du film.
Du coup, Mission Impossible m'impose le respect, que ça soit ce que je viens de citer, ou son refus d'utiliser les armes à feu pour mieux se débarrasser du cliché "vigilante" des années 80's (auquel replongera bien joyeusement John Woo pour le 2).
Même son final controversé, ou DePalma finit par reprendre "North by northwest" (chassez le naturel...), je ne peux que prendre plaisir à ce moment de neuneuserie grandiloquente ou Brian finit par apporter ce que Paramount veut, en en faisant des caisses.
Faudrait en faire plus des films dingues comme celui la.
HugoShapiro
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le 4 févr. 2012

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HugoShapiro

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