Une dernière croisière (100 % spoilers)

Dans cette critique, il va être question du tout dernier Mission Impossible (on l’espère dernier) : Mission Impossible 8 The Final Reckoning, réalisé par celui qui réalise tous les Mission Impossible depuis le 5, c’est-à-dire Christopher McQuarrie, sans doute aussi le scénariste.

C’est donc le Mission Impossible final. En tout cas, c’est comme ça qu’il est vendu. L'est-il vraiment ? On le saura dans le futur, mais pour l’instant c’est censé être le cas. Il est censé boucler la saga.

Son histoire, c’est bah la suite directe de Dead Reckoning. Ils ont juste changé le titre parce qu’il faut croire que faire des films en deux parties, ça ne marche plus.

Donc l’histoire, c’est toujours cette IA qui prend possession des armes mondiales et ici nucléaires, dans l’optique de créer eh bien une guerre nucléaire et d’éliminer toute l’humanité.

Très sincèrement, les motivations de l’IA, après deux films, on les connaît toujours pas.

Alors oui, il y a toujours les mêmes trucs : l’humanité court à sa perte elle-même, on va s’auto-détruire, tout ça, tout ça.

Et dans ce film, l’intrigue principale, c’est donc de retrouver le sous-marin où est partie l’IA, pour la détruire et éviter un holocauste nucléaire.

Bref, un lundi ordinaire chez Tom Cruise dans Mission Impossible, non ? Parce que depuis que McQuarrie a repris la saga, il a empêché combien d’attaques nucléaires déjà ?

Et même avant, dans le 4 déjà, il empêche une guerre nucléaire, et finalement on apprend que le truc qu’il cherche dans le 3, c’est aussi pour empêcher une guerre nucléaire.

Donc voilà, un lundi normal au boulot pour Ethan Hunt.

Alors moi, de ce que j’avais entendu du film, c’était le plus mauvais de la saga. Après, quand je regarde les notes sur les sites de cinéma, il est à peu près dans la moyenne de la saga et c’est exactement là où je le placerais.

Il est comme tous les autres films Mission Impossible réalisés par Christopher McQuarrie : c’est du techno-espionnage avec de gros morceaux de bravoure et beaucoup de blabla technologique qu’on comprend pas.

La seule différence, c’est que dans celui-là il y a pas de moto. Concrètement, c’est peut-être la seule différence qu’il y a entre ce film et le 5, le 6 et le 7.

Après, il y a une moto de neige, je sais pas si ça compte.

Mais oui, globalement mon avis est à peu près le même que sur les 4 derniers films : c’est du très bon film d’action qui te fait avaler des couleuvres, parce qu’il y a 1000 situations où le personnage devrait mourir, mais en même temps c’est le cas depuis le début de la saga.

Oui, Tom Cruise est un surhomme, mais en même temps c’est le cas depuis le début de la saga.

Oui, c’est des films à sa gloire à lui, mais pareil, c’est pareil depuis le début de la saga.

À croire que les gens ont découvert Mission Impossible avec ce film-là : ils se sont rendu compte que ah bah putain Tom Cruise, c’est la star du film.

C’est sa saga. Ce n’est plus un film avec Tom Cruise, c’est le film de Tom Cruise.

C’est ce qu’on va voir quand on regarde la Mission Impossible : on va pas voir un film avec le personnage de Ethan Hunt, on va voir un film avec Tom Cruise qui fait des cascades.

Et là, on a un film avec Tom Cruise qui fait des cascades, et pas n’importe lesquelles en plus : certainement les plus spectaculaires de la saga.

Tout l’acte final avec les avions, c’est démentiel. Déjà à filmer, je sais même pas comment ils ont fait, mais voir un tel spectacle fait de façon concrète, c’est stupéfiant, c’est un pur morceau de cinéma comme on en fait quasiment jamais.

Qui va aller faire des galipettes sur l’aile d’un avion qui est en train de faire des pirouettes ? Personne à part Tom Cruise.

Et c’est pareil, la séquence dans le sous-marin qui est en train de tomber d’une falaise et donc plus il tombe, plus il tourne sur son axe : la scène, elle est incroyable et je suppose que l’idée lui vient de Mission Impossible 5, la fameuse scène dans le fourgon de police qui tombe dans la Seine avec l’eau qui se répand sur le côté.

À ce moment-là, je suis certain que le réalisateur s’est dit : avec cette idée-là, je peux faire autre chose. Eh bien, c’est autre chose qui se retrouve ici dans une scène claustrophobique magnifiquement bien filmée, et surtout l’idée même de faire ça dans un sous-marin nucléaire avec les missiles qui lui tombent sur la gueule, c’est prodigieux aussi.

Juste avant ça, il y a une scène de baston faite en parallèle pour coordonner deux scènes d’action dans deux lieux différents : Tom Cruise qui se bat avec un mec, mélangé avec son équipe qui se bat avec des Russes.

En termes de chorégraphie, en termes de mise en scène, la scène, elle est géniale.

Alors oui, ce sont les trois vrais gros morceaux d’action du film, ce qui est quand même surprenant quand tu viens de te faire le 7 qui est un enchaînement d’immenses scènes de baston et d’action. Le 7 est une générosité hallucinante à ce niveau-là. Lui, il est beaucoup plus dans la retenue, mais quand il faut sortir l’artillerie lourde, il fait pas semblant.

C’est vrai qu’on pourrait lui reprocher le fait que le film est très bavard justement avant d’arriver à ces scènes-là et tu as bien 40 minutes, une heure ou grosso modo Tom Cruise qui dit aux gens : tkt, fais-moi confiance.

Je peux pas faire plus explicite que ça : le mec, il explique son plan qui est claqué au sol et qui repose sur des probabilités quasiment nulles à chaque fois et pour convaincre les gens, il leur dit : faites-moi confiance.

Et ça marche.

Sans ça, je dis que le film nous fait avaler des couleuvres parce que tout est trop simple : à chaque conversation, ça finit juste avec un « faites-moi confiance » et chaque scène d’action finit avec une improbabilité assez élevée.

Le mec sort littéralement presque à poil d’un sous-marin qui est immergé à plus de 150 m sous la surface de l’eau en Antarctique.

Pendant que le sous-marin est en train de tomber encore plus bas.

Donc il devrait être mort par la pression, par le froid, par noyade, mais non, c’est Tom Cruise donc il survit et il est ramené à la vie par le bouche-à-bouche de Hayley Atwell, et donc c’est cohérent parce que cette femme ramènerait un mort à la vie, et puis c’est tout con mais j’ai complètement oublié l’incohérence de son sauvetage à partir du moment où juste elle a souri. En fait, je suis faible.

Pareil, le film tue le personnage de Luther. Je trouve la scène plutôt bien réussie. Ça correspond bien au personnage de mourir de cette façon et l’échange avec Ethan fait quand même quelque chose parce que le personnage, il est là depuis Mission Impossible 2.

Car oui, c’est aussi ça le truc de ce film : c’est un gros film qui nous dit : regardez, c’était bien quand même la saga.

Ça reparle de la patte du lapin du 3, ça nous fait revenir l’acteur du tout premier film, celui qui a failli choper Ethan dans la fameuse scène avec le câble en suspension.

Il y a des allusions au 4 bien entendu, au 5, au 6 avec des personnages qui reviennent.

Je pense que le seul qui a été ignoré ou alors j’ai pas vu la référence, c’est le 2, mais c’est dommage.

Mais oui, il y a ce côté dernier baroud d’honneur de toute cette bande de personnages tout en modernisant la bande.

Car finalement, à part Simon Pegg, eh bien il ne reste plus personne de la bande Mission Impossible : les autres ont été introduits dans le 7.

Le personnage de Hayley et celui de Pom (tu étais mieux dans le 7 parce qu’elle était muette et très badass car du côté des méchants).

Non, concrètement j’ai beaucoup aimé le film et les 2 h 40 sont passées à toute vitesse et il n’a aucun problème de rythme.

Justement parce que le plan mis en place est tellement basé sur des improbabilités que chaque palier du plan est une scène de compte à rebours.

Donc il y a toujours la tension. Après, de l’IA, croire c’est autre chose, mais concrètement en termes de rythme de film, c’est imparable.

Après oui, le sujet de l’intelligence artificielle aurait pu être mieux développé. Ils auraient pu en faire une vraie menace tangible.

Car là, concrètement, eh bien ce qui est censé être la menace ne l’est pas, parce que c’est elle qui ordonne à Tom Cruise de faire tout ce qu’il fait donc jamais elle ne se met en travers de sa route. Il y a juste à la toute dernière seconde où en fait il la baise.

Mais ça aurait été cool que pendant tout le film justement elle tente de l’empêcher d’arriver jusqu’à elle avec un million de moyens : des avions balancés à la gueule, des missiles, enfin plein de trucs.

Il y aurait mille façons de faire en sorte que l’IA soit un antagoniste.

C’est peut-être le gros raté du film : il aurait pu jouer sur le fait qu’avec un monde informatique, avec un monde technologique à voir comme ennemi, une intelligence artificielle, c’est être en permanence pourchassé par tout et n’importe quoi.

Dans mon top Mission Impossible, oui je le mettrais à peu près au niveau du 5 : c’est un très bon film mais c’est pas un Mission Impossible marquant.

Moi, je suis toujours Mission Impossible 3 et 4 : ce sont mes préférés.

Je regretterai toujours qu’à partir du 5 Tom Cruise ait décidé de garder le même réalisateur malgré son talent.

Cette saga aurait dû continuer à être un film, un réalisateur avec une vision et une patte à lui.

Mais je n’ai pas boudé mon plaisir et franchement je vous le conseille : il ne fait pas tache dans la saga. Par contre, si vous n’aimez pas les derniers Mission Impossible, bah vous n’aimez pas beaucoup plus celui-là.

Ah oui, la mort du méchant a elle seule vaut le coup d’œil tellement elle est drôle

Merci d’avoir lu.