On va le dire d'entrée. Ce film n'est pas une grande œuvre d'un point de vue cinématographique. Saluons pourtant Arte d'avoir programmé Moi, Christiane F., 13 ans etc... il y a quelques jours en première partie de soirée (enfin, on est en février donc, vu qu'il fait nui à 18 h 30, c'était déjà la deuxième partie), dans le cadre d'une collection de films éclairant un phénomène d'actualité de l'époque (ou quelque chose comme ça). Et cette adaptation du bouquin de Christiane Felsherinow écrit avec deux journalistes du Stern nous plonge bel et bien dans une période particulière.
Sans ce témoignage, comment croire qu'une bonne partie de la jeunesse de Berlin côté ouest, se shootait à l'héro dès la fin des années 1970. On est en pleine période punk certes mais on parle de gamins de 13 ou 14 ans. C'est ça l'intérêt du film. Nous montrer l'expérience sordide de la drogue d'une jeune fille intelligente et à l'existence jusqu'alors plutôt banale, si on occulte la séparation de ses parents (le film n'en parle pas mais l'autrice du bouquin était aussi, à une période, une enfant battue comme sa mère, c'est moins banal). L'actrice est plutôt excellente dans ce rôle dur, qui la propulsa en un rien de temps de simple adolescente à célébrité nationale. Le gars qui joue Detlef (et qui n'a rien fait de spécial après) aussi. Ce que j'aime, c'est qu'ils ont vraiment l'apparence des âges de leurs personnages (13 puis 14 ans et 16 ans). J'aime le contraste entre leur consommation de drogue et leur enfance qui ressurgit quand ils s'embrassent ou s'enlacent timidement, gauchement. Uli Edel, n'est peut-être pas un grand cinéaste (la suite de sa carrière passée en grande partie aux Etats-Unis faite principalement de films ou téléfilms à caractère biographique de commande, le classe plutôt dans la catégorie des tacherons) mais on l'imagine bon directeur d'acteurs. Dans un des deux documentaires qu'a diffusé Arte en complément du film, il explique même son procédé pour la scène de masturbation, pour faire croire à un vrai acte sexuel et montrer le dégout du personnage. Intéressant comme l'est ce documentaire Christiane F., telle est l'histoire qui revient plutôt sur la genèse du livre puis du film avec des interviews des protagonistes que sur l'onde de choc qu'ils ont provoquée (même si elle est évoquée). Pour ça, je conseille de voir l'autre documentaire autour du film. Un poil meilleur je trouve, avec énormément d'archives de l'époque, ou d'extraits d'interview de Christiane F. au fil des années : Moi, Christiane F, droguée, prostituée... Une génération perdue En espérant qu'ils sont toujours sur arte.tv. Ils sont peut-être plus intéressants que le film en lui-même qui regorge de belles scènes (l'ouverture, la déambulation de la bande dans un centre commercial au son de Heroes puis leur escapade sur la terrasse de la tour où trône une célèbre étoile à trois branches d'une bien connue marque automobile) mais est peut-être un peu long avec plusieurs scènes plutôt dérangeantes mais nécessaires et manquant un poil de rythme. Il faut dire que je l'ai vu en deux fois, la première, après la première période d'un match de foot (l'équipe que je soutenais était menée à la mi-temps, le soir de la diffusion (en reprenant du début sur le site web) et le lendemain, la dernière heure, vu que je luttai contre le sommeil le premier soir, vers 23 heures. Pour la seconde partie, malgré une reprise du film après un dîner arrosé, vers 22 h 15, j'ai tenu jusqu'au bout. C'est bien que le film tient quand même en haleine. On s'attache à cette gosse (qui ressemble beaucoup à ma cousine) en plus. On croit en sa rédemption. Et on est forcé de croire et d'être marqué par son histoire.

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