C'est le cinquième film de Xavier Dolan. C'est-à-dire qu'à 25 ans, cet homme est déjà dans la cour des grands au vue des films proposés; aujourd'hui c'est au tour de Mommy de sublimer notre réalisateur outre-Atlantique.

J'ai tout simplement adoré ce film ,malgré quelques bémols sur lesquels je reviendrais après, pour 3 raisons.

La première c'est d'abord le scénario qui il faut bien le reconnaître est excellent ! On est plongé dans un Canada fictif, où au final la seule fiction consiste en un bout de papier écrit et signé par un parlement: la loi S-14 qui est ô combien importante pour ce film. Steve est un enfant atteint d'un syndrome de l'attachement, il est violent, insultant, mais il aime sa mère plus que toute autre chose. Il est fusionnel avec sa mère, Diane "Die" Desprès, et c'est là que repose tout le problème. Parce que sa mère elle aussi aime son fils mais elle est contrainte à subir ses crises et à devoir refuser sa vie personnelle. Tout le film est comme ça, une sorte rebond permanent entre bonnes et mauvaises périodes. Puis vient Kyla la voisine d'en face. Elle aussi elle est paumé depuis un événement tragique, elle a des difficultés à parler et elle ne se sent pas bien. Puis se crée autour d'eux une sorte de bulle. Chacun a besoin des deux autres pour tenir et pour résister. Ils sont dans une sorte d'équilibre, d'un de ceux qui est précaire, et on sent qu'il va nécessairement craqué.

C'est exactement ça la deuxième chose qui m'a marqué: la nécessité de briser cet équilibre. Il ne peut pas survivre parce que chacun des personnages est en marge de la société. Ils sont tous en quelque sorte rejeté, ce que Dolan montre très amèrement et avec une certaine empathie.

Pourtant de cet équilibre né plus qu'une simple résistance et c'est ça qui a une dimension magique à mes yeux; il crée une liberté éphémère dans laquelle s'engouffre tout les personnages et particulièrement Steve avec une scène très belle. Il est sur son long board, suivi par Kyla et Die en vélo et il se sent soudainement vivre; il est enfin réellement heureux et c'est alors qu'il ouvre l'écran avec ses mains, élargissant l'image. Et c'est justement CA que j'aime ! La manière avec laquelle tout le film est filmé est en parfaite adéquation avec ce que les personnages ressentent !

Au final, il en ressort que j'ai beaucoup aimé ce film pour la richesse de ses personnages, la profondeur avec laquelle Dolan parle d'un sujet grave et la manière avec il le filme. Une belle découverte que je vous conseille de regarder tabernacle !
DocAlaska
9
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le 30 oct. 2014

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DocAlaska

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