La rédemption d'un petit voyou à la gueule d'ange

Sorti en 2006 et réalisé par Gavin Hood, Mon nom est Tsotsi est un film sud-africain dont l'action se situe dans un bidonville proche de Johannesburg. Comme District 9, le film explore les thèmes de la pauvreté, de la criminalité, de la xénophobie et de la ségrégation sociale en Afrique du Sud. Mais contrairement à District 9, point d'extraterrestres ici. Mon nom est Tsotsi est un drame réaliste, se déroulant de nos jours et c'est une histoire universelle. Mais si le film est surtout connu, c'est pour avoir remporté l'oscar du meilleur film étranger en 2006. On ne peut pas le louper, c'est marqué en gros sur l'affiche du film.

Dans Mon nom est Tsotsi, nous suivons les aventures d'un petit chef de gang (Presley Chweneyagae) qui sévit dans un bidonville de Johannesburg. Orphelin et amnésique, n'ayant plus aucun souvenir de son enfance, il se fait appelé Tsotsi ("Voyou"). En compagnie de trois lascars paumés, il dépouille un homme d'affaire dans un train et le poignarde à mort. De retour dans le bidonville où ils vivent, l'un des membres du gang est saisi de remords, mais Tsotsi lui inflige une bonne correction. Désormais seul, il braque le véhicule d'une femme de banlieue aisée et la blesse dans l'opération. Alors qu'il s'enfuit, il découvre le bébé de la femme sur la banquette arrière de la BMW. Il décide néanmoins de garder l’enfant et son mode de vie va en être profondément chamboulé.

Comme tout chef de gang qui se respecte, Tsotsi s'adonne à la violence, au vol, à l'alcool et aux trafiques en tous genres ! Tsotsi est un petit caïd paumé, sans repères et qui mène une vie sans but. La vie (la sienne et celle des autres aussi) n'a d'ailleurs pas grande importance à ses yeux, dans cette Afrique du Sud post-apartheid. Cette promesse d'une nouvelle "nation arc-en-ciel" se révèle être une amère illusion. C'est la naissance d'un néo-apartheid, avec une élite "noire" et un vide moral absolu. En témoignent tous ses jeunes orphelins qui dorment dans des cylindres en bétons stockés dans des terrains (plus que) vagues. C'est d'ailleurs de là, des terrains vagues, que vient Tsotsi.

De nombreux parallèles peuvent être faits entre Mon nom est Tsotsi et La Cité de Dieu de Fernando Meirelles. Tous deux relatent, avec plus ou moins de réalisme, le quotidien au cœur des ghettos. Mais très vite on se rend compte que Mon nom est Tsotsi présente une version plus lisse, plus propre des ghettos que dans La cité de Dieu. C'est le seul gros reproche que je dois faire au film. Tsotsi, ce gamin à la gueule d'ange, a d'ailleurs plus le profil d'un gentil caïd que d'un véritable criminel ... c'est une version un peu trop angélique du caïd, quoi ! Et comme dans La Cité de Dieu, le sous-texte judéo-chrétienne est très présent, mais là encore ça manque un peu de subtilité. La quête de rédemption de Tsotsi peut paraitre un peu "téléphonée". Le voir confectionner des couches avec du papier journal, a quelque chose de comique. C'est presque trop théâtral pour être crédible.

Mais c'est là qu'il y a quelque chose de l'ordre du miracle avec ce film, puisqu'on finit malgré tout par se prendre d'affection pour Tsotsi. Il se montre très protecteur envers un bébé, qu'il a pourtant privé de sa mère. On assiste aussi à ses premiers émois amoureux avec la jeune femme qui allaite son bébé. Lorsqu'il assiste à la scène, on sent de la gêne chez lui, mais aussi un certain trouble, une effervescence. Il se montre également charitable avec l'infirme sur fauteuil roulant, alors qu'auparavant il s'était montré cruel avec lui. Cette quête de rédemption se conclue lors d’un retour dans les terrains vagues de son enfance, là où tout a commencé. C'est en se réappropriant son passé qu'il sera en mesure d’envisager un avenir, non pas "meilleur", mais un avenir tout court.

Bref, on ne peut pas reprocher la sincérité des intentions du réalisateur Gavin Hood. Et si les intentions sont parfois maladroites, le récit baignant un peu trop dans le mélodrame à l'eau de rose, le film propose néanmoins une réflexion intéressante sur la violence dans les ghettos. Et ce faisant, il délivre un message d’espoir en l’homme.

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le 17 sept. 2025

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lessthantod

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