Fantastic Money World

L’Étrange Festival est le lieu idéal pour dénicher les pépites originales et prometteurs de l'animation mondiale. Si le festival reste ouvert à tout et n'a pas vocation première à diffuser de l'animation, celui-ci offre un beau tour d'horizon des bizarreries animés que l'on peut voir en festival. C'est notamment l'occasion de rattraper des films que l'on aurait louper au Festival d'Annecy, comme Unicorn Wars qui y était projeté à l'occasion d'une rétrospective de son réalisateur, ou encore Money and Happiness, présenté en sélection perspective à Annecy et en compétition court métrage à L’Étrange Festival.

Pour ce qui est de l'étrangeté, le film est carrément bizarre, mais ce n'est pas sans une certaine forme de fascination qui rend le court métrage attachant. Si je devais décrire le film, je dirais que c'est ce que donnerait une version dystopique et dépressive de l'univers deWes Anderson (Fantastic Mr. Fox, L'Île aux chiens,... ). On a un cadrage et et des mouvements de caméras qui font beaucoup pensé à la manière qu'a Wes Anderson de représenter des mondes en décalage avec le monde réelle et, plus qu'un simple citation, le film s'inspire pleinement de sa manière de faire pour rendre ses personnages attachant. On a beaucoup de voix off avec des personnages regardant l'horizon face caméra, ainsi un certain humour pinçant qu'on retrouve dans des films comme Astéroïd City ou The Grand Pudapest Hotel, qui démontre une assimilation du style Wes Anderson qui va plus loin qu'un simple trip esthétique. Cependant, cela va plus loin que "juste" reproduire le style, il y a une véritable appropriation qui amène une singularité et une vrai proposition nouvelle. L'humour pinçant et cartoon est ici employé pour créer un attachement vis-à-vis de ces personnages, mais aussi une forme de dégoût face à l'horreur de ce qui leur arrive. L'animation, quant à elle, est vraiment belle, et offre de très belles idées de mises en scènes.

Le film va cependant perdre en dynamisme lors de phases plus descriptives et plus "théoriques". Tout comme Astéroïd City avec le personnage de Bryan Cranston, ou même The French Dispatch, le film va avoir une phase d'exposition et de développement d'univers où l'action s'anime tandis qu'une voix off vient donner plus de matières à l'univers. S'il faut reconnaitre que le film se tient très bien sur son premier tiers, avec un très bon rythme qui arrive à capter l'attention, le brouhaha statistique et administratif devient lourd au fur et à mesure que l'on perd de vu les personnages, et que leurs sors aient de moins en moins de sens vis-à-vis de ce qui est raconté. Cela fait d'autant plus tâche que certains éléments de l'univers ne sont pas assez développé, et laissent un amer goût de déception qui gâche un peu la fin de visionnage. J'aurais aimé un peu plus d'explications et de logique dans cet univers où des aliens ne font que compter des pièces et cliquer sur un ordinateur toute la journée. Cela reste un très beau trip esthétique et sensoriel qui fait beaucoup sourire, mais qui aurait pu être captivant avec un scénario plus précis.

13,75/20

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