Ils sont venus, ils sont tous là …

D'habitude, je ne suis pas fan des biopics. En effet, je crains toujours un peu que ça devienne le panégyrique dégoulinant ou au contraire le document à charge. L'autre chose que je crains, c'est que le biopic se vautre dans l'intimité, dans l'indiscrétion, dans ce qu'on n'a pas à savoir …

Et si d'aventure, il se trouve que j'apprécie beaucoup l'artiste, objet du biopic, ma crainte est de découvrir un personnage différent de mon imaginaire, basé sur son œuvre.

Là, dans le cas d'Aznavour, c'est un peu différent car j'apprécie l'artiste pour un certain nombre de ses chansons mais sans en être très fan. Ça m'est donc beaucoup plus facile de rester "bon public". Et puis le film est plutôt équilibré rendant hommage, d'abord, au chanteur.

Il semblerait que Aznavour ait lui-même choisi les scénariste et réalisateur, respectivement le poète-chanteur Grand Corps Malade et le cinéaste Mehdi Idir pour mettre en œuvre, après sa mort, le film sur sa vie … Au fond est-ce si surprenant de la part d'un artiste qui a passé sa vie à chercher à s'élever dans sa carrière que de vouloir aussi gérer l'après ?

Le film est classiquement construit suivant la chronologie de sa vie entre une enfance heureuse dans une vie de famille difficile d'exilé arménien en France puis la progressive et difficile réussite, résultat d'un travail acharné mais aussi de ruptures pour atteindre son indépendance et finalement le succès planétaire. Le film est heureusement émaillé d'extraits de chansons choisies parmi les plus connues.

Si les références à l'Arménie sont bien présentes dans le film à travers la famille d'Aznavour, l'épisode de l'Affiche rouge et diverses célébrations, on peut regretter que les cinéastes n'aient pas retenu une de ses plus belles chansons, "Arménie" qui rend un bel hommage au pays.

Et puis, il y a un aspect d'Aznavour que j'aime bien, ce sont ses rôles souvent marquants au cinéma même s'il s'agit d'un second rôle. Cet aspect m'a paru peut-être un peu succinct dans le film. Il n'y a qu'une rapide allusion sur le film de Truffaut "Tirez sur le pianiste" alors qu'Aznavour a une longue carrière d'acteur dans d'autres films comme "un taxi pour Tobrouk", "Le passage du Rhin", "la métamorphose des cloportes", etc etc …

L'interprétation du personnage d'Aznavour par Tahar Rahim est réussie et même bluffante, notamment dans ses attitudes sur scène. Le personnage d'Edith Piaf qui a beaucoup compté dans le développement de sa carrière m'a paru bien rendu dans le jeu et la gouaille de l'actrice Marie-Julie Baup.

Et puis pour finir, je ne résiste pas à reproduire quelques vers d'une des chansons que je préfère de cet artiste, "la Mamma". Il faut attendre le générique de fin pour enfin goûter un extrait de la chanson

Ils sont venus

Ils sont tous là

Dès qu'ils ont entendu ce cri

Elle va mourir, la mamma

Ils sont venus

Ils sont tous là

Même ceux du sud de l'Italie

Y a même Giorgio, le fils maudit …