Six ans après l’implantation accidentellement d’une souche de vie extra-terrestre au nord du Mexique, de nouvelles formes de vie apparaissent, obligeant les gouvernements à clôturer la zone infectée. Suite à une récente attaque des créatures, un photographe Américain est chargé de rapatrier la fille de son patron mais les voies qui les relient à leur pays sont bloquées, ils vont devoir traverser.
Faute de moyens (budget de 15000$), Monsters de ne dévoilera quasiment rien de ces énigmatiques et gigantesques créatures et finalement, c’est tant mieux. Ainsi on se focalise sur le périple des personnages, sur leur relation naissante, sur la beauté des paysages dévastés qu’ils vont traverser et sur ses nombreux détails. Sans rien voir de la menace, le spectateur cherche alors par lui même, il est aux aguets, ouvert à toute possibilité d’un bout à l’autre. Malgré la romance prononcée (mais loin d’être inintéressante) qui va naître entre les deux personnages, le film n’est donc pas pour autant dénué de suspense et d’angoisse car une constante présence semble rôder autour de nous.
La bande-son joue ici un rôle primordial en créant d’une part une ambiance inquiétante, pleine de mystères, de tensions mais aussi de moments en total apesanteur. D’autre part, les cris bestiaux, qui seront finalement notre seul contact avec les créatures, sont retranscrit avec talent et rappelle les dépaysantes excursions que proposait “Jurassic Park”. Beaucoup trouveront que cet habillage sonore est trop étouffant et il est vrai que souvent, les sentiments et l’ambiance sont soulignés par la musique. Cependant, en l’utilisant comme un outil central, Gareth Edwards créer une réelle œuvre à la fois mélancolique, contemplative et personnelle qui tranche de manière brutale avec un cinéma Hollywoodien spectaculaire et aseptisé.
Directeur photo, responsable des effets spéciaux et réalisateur, Gareth Edwards signe ici sa première réalisation sur grand écran en endossant donc multiples rôles. On reconnait un certain talent dans ses choix de plans, de couleurs et d’ambiances digne d’un grand photographe. Cependant, le cœur du métier de cinéaste lui échappe parfois. Ainsi, le cadrage est incompréhensible par moment tout comme le début du scénario, tout simplement incomplet et incohérent. On se focalisera donc sur l’ambiance graphique et sonore qui ont subit un traitement de faveur donnant à “Monsters” une dimension contemplative totalement hors du temps.
“Monsters” n’est finalement pas le film post-apocalyptique que son affiche laissait présager. Il s’agit d’une romance originale et dépaysante à mis chemin entre “Jurassic Park”, “La Guerre des Mondes” et “La Route” qui apporte une vision pacifique et touchante d’un sujet si souvent traité avec froideur et patriotisme. Malgré un nombre important de petit défauts, “Monsters” fait donc partit de ces films imparfait mais originaux qui méritent d’être mis en avant.