Pour évaluer Monsters, il faut prendre en compte le fait que c'est le 1er long-métrage d'un jeune (?) réalisateur, Gareth Edwards, tourné avec un budget dérisoire (entre 500 000 et 800 000 selon les sources). Sachant cela, on ne lui demande pas monts et merveilles, encore moins un chef d'oeuvre.
Il est important aussi de ne se fier ni à la bande-annonce, ni au titre.
Ce n'est clairement pas un film facile,il faut savoir déceler les qualités de Monsters, qui ne sont pas forcément évidentes de prime abord.
Le film à la bonne idée de commencer très rapidement par la rencontre entre les deux personnages principaux, que nous suivront tout au long du film, jusqu'à une fin toute aussi abrupte. Cette histoire d'un photo-journaliste américain sommé de prendre soin de la fille de son patron jusqu'à ce que celle-ci puisse passer la frontière mexicaine et retourner chez elle, est simple, sobre, et évite au film une ambition démesurée. On est à hauteur d'Hommes.
Bon, malheureusement, il faut dire que le personnage masculin manque quelque peu de charisme par rapport à la jeune femme,d'une beauté saisissante, mise en valeur par d'incessants gros plans.
Les rebondissements sont souvent prévisibles et tombent parfois dans le cliché, comme cette scène de nuit, en pleine jungle, où le couple est coincé dans un convoi de voitures "attaqué" par les monstres géants. Un clin d'oeil à Jurassic Park ?
La romance entre les deux protagonistes est sans arrêts sur le fil, au bord de la facilité, et menace d'y tomber à tout moment. Gareth Edwards s'en sort quand même plus ou moins bien en jouant avec le prévisible et les clichés, notamment dans la scène de l'hôtel au petit matin, qui fonctionne très bien.
On espère tout du long que les lèvres ne se rencontreront pas, et finalement, tout à la fin, quand cela arrive, le moment nous est rendu incroyablement touchant par une idée de montage efficace.
En ce qui concerne les dialogues, même s'ils sont parfois très creux, on peut imaginer que c'est conscient de la part du réalisateur,afin de renforcer la simplicité et le réalisme des relations entre les personnages.
En parlant de réalisme, l'univers est assez peu cohérent et l'histoire de fond (l'intrusion extraterrestre et la façon dont les humains négocient celà) n'est pas hyper-crédible est fait preuve de quelques facilités (ex : 6 ans après, les JT retransmettent 24/24h des directs de la zone contaminée et des explications du pourquoi du comment...).
Le sommet de Monsters arrive dans les 5 dernières minutes avec une scène très surprenante (et construite pour nous surprendre) et poétique, impliquant deux monstres et les deux protagonistes. D'une bizarrerie et d'une naïveté très touchante, elle clôt le film sur une note particulièrement forte, et reste dans les mémoires.
Au final, Monsters est un film "plus-ou-moins" bon, traversé de très beaux moments de poésie, parfois dans un plan de 3 ou 4 secondes mais qui arrivent à nous toucher et à nous marquer. Une poésie qui fait passer la pilule de la très peu subtile métaphore socialo-politico-écolo. A l'inverse d'un Avatar par exemple (même si les 2 films n'ont absolument rien en commun).
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.