Monstre
6.7
Monstre

Court-métrage de Jennifer Kent (2005)

En 2014, Jennifer Kent présente son premier long-métrage, Mister Babadook, succès dans les festivals et acclamé par les critiques professionnelles, surtout aux Etats-Unis. Ce film apporte une certaine fraîcheur au cinéma horrifique du moment, même s’il est loin de le réformer et s’inscrit dans la lignée des autres histoires de maison hantée du début des années 2010 (Mama, Sinister, etc). Il introduit un personnage inquiétant, le Babadook, que la cinéaste compte développer par la suite en livre.


Babadook est un monstre aux racines déjà anciennes. Neuf ans plus tôt, Jennifer Kent réalisait son seul autre film à ce jour : Monster, un court-métrage de 10 minutes. Susan Piror y incarne une mère vivant seule avec son fils. Une étrange créature rôde dans la maison et inflige une pression de plus en plus forte. La mère comme le fils sont ambivalents à son égard, se sentant menacés tout en étant tentés d’approcher la bête, désireux d’en découdre avec ce demi-mystère.


Après ce court présenté en juin 2005, Jennifer Kent a mis en chantier le scénario de plusieurs films d’horreur. Elle n’a jamais abouti car s’empêtrait dans des projets « trop ambitieux ». Elle est alors revenue à cet univers manifestement crucial pour elle et l’a extrapolé sur une heure et demie. Les deux films sont des réussites, visuellement nerveux et profitant d’une mise en scène très réfléchie. Déjà dans Monster des effets courants dans l’horreur mainstream viennent ponctuer un récit sans aspérités.


Monster se raccorde à un certain classicisme d’autrefois, prenant des airs de Maison du diable en plus crispé, voir de Eraserhead turbulent. Le huis-clos permet de faire jaillir les tourments d’une femme otage d’un monstre qu’elle semble bien connaître. Il n’y aurait pas tant d’horreur si elle renonçait à cette envie de l’apprivoiser. Le fantôme perçu comme agressif n’aurait plus de raison d’être autre chose qu’un bibelot docile ou un souvenir figé. C’est un premier succès pour Jennifer Kent dans sa vocation manifeste, l’horreur psychologique, domaine où elle pourrait facilement atteindre un niveau remarquable.


http://zogarok.wordpress.com/2014/12/17/mister-babadook/

Zogarok
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le 20 déc. 2014

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7

une idée effrayante

on peut voir ce court métrage comme la version pilote de Mister babadook, et Mister babadook est génial! malgré tout, ce court métrage est plutôt bien realiser.

le 3 sept. 2014

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