Morbius. Après 2 années de report, merci le Covid, Morbius sort le 30 Mars 2022 en France, dans l'indifférence totale car le même jour sort la suite du film adapté de jeu vidéo ayant rapporté le plus au box-office.
Morbius, anti-héros sous-côté de l'univers Marvel, qui est apparu pour la première fois dans le numéro #101 de The Amazing Spider-Man durant l'arc où Peter Parker se faisait pousser des bras (et qui aurait fait un excellent Spider-Man 4 dans l'univers de Raimi soit dit en passant).
Si au départ, le film Morbius devait être rattaché à la saga The Amazing Spider-Man, le piratage des Studios Sony et le ralliement à Marvel Studio ont brutalement changé la donne. Pourtant les Studios Sony ont toujours l'ambition d'exploiter l'univers de Spider-Man en faisant des films solo sans lui, que ça ait du sens ou non. Cela a donné les Venom, et Morbius.
Et si les Venom ne se prennent pas au sérieux, Morbius prend une autre direction.
En effet, nous suivons le Docteur Michael Morbius (joué par Jared Leto), médecin touché par une maladie de sang qui cherche un remède en étudiant les chauve-souris. Ce qui l'amène à faire des expériences sur lui-même, le transformant en vampire. Cela lui causera beaucoup d'ennui à lui et à sa petite-amie, Martine (jouée par Adria Arjona), et provoquera une folie chez son ami Loxias Crown (joué par Matt Smith), aka Milo.
Je vais aller droit au but, car je pense que ça ne servirait à rien de faire milles lignes pour expliquer mon ressenti et argumenter sur tout (je ne veux pas prendre le risque de vous faire un remake du vlog de Durendal sur Lucy) :
L'histoire est très convenue, ne révolutionne rien, et aura une sensation de déjà-vu. Cela étant, les scénaristes et acteurs réussissent à nous faire passer un bon moments, car les personnages et les relations de personnage dynamisent bien ce scénario. Il n'y a pas de grosses incohérences propre au film en lui-même et toutes les bizarreries peuvent s'expliquer. Et le film prend au sérieux son traitement de l'Anti-héros, ce qu'on a reproché aux Venom de ne pas faire.
Les acteurs font un très bon boulot pour nous investir dans cette histoire et rendre les personnages attachants. Jared Leto et Matt Smith ont une parfaite alchimie, nous offrant de très bons échanges. Malheureusement, se centrer sur ces 2 là aura pour conséquence de délaisser Adria Arjona, qui ne brille pas assez dans ce film.
En fait, les plus gros reproches à faire au scénario sont à la fin. Déjà on ajoute aux motivations de Milo, une histoire de jalousie envers Morbius et de manque de reconnaissance auprès de sa figure paternelle. Cela n'avait vraiment pas sa place.
Tout comme enchaîner 2 drames pour motiver Morbius pour le combat final, tout ça fait très surenchère inutile.
Mais sinon, pas grand chose à se plaindre en ce qui me concerne.
J'avoue avoir eu un coup de cœur pour le visuel, et pas seulement parce que le réalisateur s'inspire du dessin-animé Pokémon, disons que ce style donne une identité visuelle au film qui lui permet de sortir de la masse.
On sent quand même que le réalisateur (Daniel Espinosa) est investi dans la mise en scène, les combats sont fouillis, mais fluides et compréhensibles... Jusqu'au combat final qui est vraiment brouillon, à peine rattrapé par le climax qui joue sur du set-up pay off et foreshadowing (pas à un niveau sensationnel non plus, mais on appréciera l'effort). Je lui reprocherais également quelques cuts mal placés dans le montage final.
Et finalement, c'est tout ce que Morbius est, une histoire classique, mais qui fonctionne en soi. Cela ne mérite pas un visionnage obligatoire, mais pas non plus un boycott...
Malheureusement, il y a un détail qui nuit à l'image du film : l'implication de Sony.
Dans leurs ambitions, ils ne savent plus quoi inventer pour créer leur saga. Et qui sait, peut-être que tout prendra sens dans une ou 2 décennies, mais si le réalisateur s'est senti obligé de spoiler les scènes post-génériques du film, c'est sans doute car, lui aussi, avait conscience que ça entachait le film.
Donc oui, à la fin, Adrian Toomes (Michael Keaton), alias le Vautour dans Spider-Man Homecoming, se retrouve dans l'univers de Morbius, pour des raisons qui nous sont encore inconnus. Adrian (qui a une nouvelle armure dont on ne sait pas d'où il sort) rencontre Morbius, lui explique qu'il pense que c'est à cause de Spider-Man s'il se retrouve dans cet univers et qu'il veut créer une équipe composée d'êtres exceptionnels comme lui et Morbius, c'est donc une nouvelle tentative de faire un film Sinister Six.
Je ne vais pas dire que c'est incohérent pour l'instant, car on n'a pas tout les éléments pour comprendre, en revanche, c'est beaucoup trop forcé.
Et pour achever le film, Sony a fait une promo dégueulasse à base de "Oooooh, mais dans quel univers se déroule ce film, hahaha !" Et le pire, c'est qu'on ne peut pas sortir l'excuse du "les plans de Sony ont étés perturbés par le Covid ou par les reports qui ont fait que ce film est sorti après No Way Home", le réalisateur a avoué que les plans avec l'affiche de Spider-Man où il y a écrit "Murder" ou le bâtiment d'Oscorp avec la typo de celui des films TASM ont étés placés dans les BA, sous ordre de Sony, juste pour amener du monde. Il voulait même mettre le plan avec le bâtiment d'Oscorp pour de vrai, mais Sony a violemment refusé, pour ne pas que les fans croient que The Amazing Spider-Man 3 était en cours.
Donc voilà, à cause de ce culot de Sony, Morbius, un film pourtant bien cool, est destiné à être détesté par le monde entier, à l'exception des fans qui, comme moi, pensent que le personnage du comics mérite son propre film (et si vous considérez Morbius comme un méchant de fond de tiroir, je vous recommande le dessin-animé Spider-Man de 2017 pour voir ce que c'est un méchant fond de tiroir).
Il ne mérite pas que je le surévalue à ce point, mais j'ai sincèrement apprécié mon visionnage, et je suis prêt à dire que c'est mon film préféré de l'année... Jusqu'à la sortie de Across The Spider-Verse partie 1.
Bien entendu, il est important de blâmer Sony pour la publicité mensongère qui a accompagné la promo du film, mais le film et le staff en sont plus victime qu'autre chose.
Ce n'est que mon avis, mais l'importance, c'est de se faire son propre avis. Et qui sait... The Amazing Spider-Man 2 était considéré comme un étron, et 7 ans plus tard, tout le monde réclame un TASM3. Soyons optimiste, peut-être qu'un film Sinister Six impliquant Tom Holland ou Andrew Garfield réhabilitera le film.