Croisière pour un cadavre

En 2017, nous avions eu l'adaptation du Crime de l'Orient-Express, grand classique de l'immortelle Agatha Christie, réalisée par Kenneth Branagh. Ce dernier interprétait également le rôle du célébrissime détective belge Hercule Poirot.
Cinq ans plus tard, le réalisateur/acteur remet le couvert avec un autre classique de la même écrivaine: Mort sur le Nil.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce roman policier de 1937, plantons un peu le décor: la riche héritière américaine Linnet Ridgeway s'éprend de Simon Doyle, le fiancé de sa meilleure amie, Jacqueline de Bellefort, que celle-ci venait de lui présenter. Cette dernière, éperdument amoureuse, ne supporte pas la trahison et décide de suivre les tourtereaux en Egypte, lieu de leur voyage de noces...Dans l'hôtel d'Assouan où ces derniers séjournent, ils rencontrent Hercule Poirot. Sollicité par Linnet, qui cherche un soutien pour mettre fin à cette situation pour le moins crispante, le détective belge, bien qu'impuissant de prime abord, comprend vite l'explosivité de la situation. Bientôt, Poirot, les jeunes mariés, ainsi que divers invités (qui s'avéreront avoir tous des intérêts entremêlés) se retrouvent pour faire une croisière sur le Nil, tous espérant au passage avoir semé l'encombrante ex' du jeune marié.
Mais bien entendu, la tranquillité à bord sera vite réduite à néant par la découverte d'un cadavre. Malheureusement pour le criminel, Hercule Poirot est dans la place.

Ceux qui ont vu Le Crime de l'Orient-Express ne seront finalement pas très perturbés avec cette "suite". On sent bien qu'on a globalement affaire à la même équipe.
Ainsi, comme pour le premier film, le point fort de Mort sur le Nil est sa réalisation. Cette plongée dans l'Egypte des années 30 est vraiment dépaysante. Et bien qu'à l'évidence, de nombreuses scènes ont été largement doublées d'effets spéciaux, cette vision de l'Egypte d'il y a presque un siècle est assez séduisante. La remarque n'est d'ailleurs pas uniquement valable pour les paysages et lieux emblématiques visités mais également pour les cabarets, hôtels et bien sûr, pour le bateau à vapeur S. S. Karnak.

A l'image de l'affiche du film, Mort sur le Nil nous donne l'impression d'assister à une partie de Cluedo dont Hercule Poirot serait le seul joueur. Chacun des participants à la croisière peut avoir eu intérêt à commettre le crime, chacun a ses petits secrets...Et à l'instar des suspects du fameux jeu d'enquête, les protagonistes de Mort sur le Nil ont tous des profils bien distincts et sont un peu caricaturaux, il faut bien le dire. L'interprétation parfois too much étant pour beaucoup dans ce ressenti, à l'image de l'accent d'Hercule Poirot un brin ridicule par moment.

Evidemment nous ne reviendrons pas sur l'histoire, qui reste calée sur le roman d'Agatha Christie. Néanmoins, cette adaptation, à l'image du film précédent, n'arrivera pas à se montrer aussi captivante que le roman d'origine. On peine à retrouver son atmosphère si particulière et l'ensemble ne parvient pas à préserver le mystère et l'intensité dramatique qui font pourtant le sel des livres de l'écrivaine anglaise.

Mort sur le Nil est un divertissement sympathique. Disposant à l'évidence de moyens assez conséquents, il est finalement plus soigné sur la forme que sur le fond.
Au risque d'enfoncer une porte ouverte, la meilleure introduction à l'univers d'Agatha Christie reste sans aucun doute ses livres. Ce film, comme les autres avant lui, ne restant qu'une gentille adaptation sans le génie et la finesse du roman d'origine.