Parmi les vides honteux que présente ma culture générale, Agatha Christie et son œuvre occupaient une place de choix. Le Crime de l'Orient Express, de et avec ce cher Kenneth, m'a permis de découvrir cet univers et j'avais passé un excellent moment, au point d'aller acheter en sortant du cinéma à l'époque Dix petits nègres et... Mort sur le Nil. J'ai dévoré les deux livres, regardé la version Finney du Crime de l'Orient Express alors et la version Ustinov de Mort sur le Nil, il y a quelques jours. En tout, ces cinq expériences m'ont vraiment beaucoup plu, mention spéciale au premier livre cité que j'ai lu d'une traite, n'arrivant pas à le reposer tant que je n'avais pas le fin mot de l'histoire.


Bref, c'est peu de dire que j'attendais cette nouvelle adaptation, encore une fois portée par Branagh. Le livre me plaisait, le film précédent aussi, je ne voyais pas comment ça pouvait mal tourner. Et pourtant...


Je vais éviter de m'attarder sur le synopsis plus que de mesure, il s'agit d'une enquête suite à un meurtre lors d'une croisière, incroyable, le titre était pourtant si cryptique.


Le verdict est sans appel : on s'ennuie gentiment devant la cuvée 2022. Quelques modifications au scenario de base impactant les personnages, pourquoi pas, après tout. Mais pourquoi avoir fait cette introduction? Pourquoi ce besoin, comme chez James Bond, de donner de l'épaisseur à un personnage qui n'en a pas besoin, de le passer à la moulinette du sentiment et lui ôter par là-même ce côté hors du commun?


Vous l'aurez compris, en voyant mes modestes visions et lectures, je ne connais finalement que peu Hercule Poirot, pour autant, qu'il s'agisse de Finney, d'Ustinov, de la version écrite que j'ai connu ou même de la première incarnation de Branagh, Poirot est un enquêteur certes singulier, mais qui ne nécessite pas qu'on lui accole un background tragique pour expliquer telle ou telle chose.


Surtout pas, d'ailleurs, sa moustache. Du reste, vu la cicatrice qu'il se tape en-dessous, permettez-moi de croire que déjà, on devrait la voir dépasser et en plus, je doute fortement qu'il puisse faire fleurir une aussi jolie touffe de poil après ça.


Mais passons, ce n'est peut-être pas le plus important. Au rang des maladresses, notons un film trop long, trop fonds verts (à croire que c'est devenu impossible de voyager pour filmer), trop trop (cette danse du début? Sérieusement?).


Quelques subtilités sont placées ci et là, un discours contemporain qui n'était pas dans le livre originel par exemple, ça n'est pas malvenu, je ne trouve pas grand chose à redire sur le sujet. ça permet à la fois de s'approprier l’œuvre différemment, tout en offrant au connaisseur une histoire un peu différente. A ce petit jeu, j'ai bien aimé les nouvelles incarnations des Otterbourne ou du médecin campé par un Russel Brand tout en sobriété (je ne m'y attendais pas !). Puisque j'en viens au jeu des acteurs, je reste très amateur de Branagh qui fait l'effort considérable de parler avec un accent francophone à couper au couteau tout au long du film, et petite sympathie pour Gal Gadot, pas forcément inoubliable mais qui rend son personnage bien moins antipathique que la version de 78, peut-être plus nuancée.


En sortant de la salle, j'avais quand même cette arrière-goût amer en bouche, comme s'il manquait quelque chose. L'appropriation trouve, à mes yeux, ses limites quand Branagh veut en faire trop dans le sentiment, dans l'explication du background de Poirot ou dans ses relations aux autres. Dans cette idée, un personnage a tout simplement été évincé du film pour permettre de faire des sous-intrigues et de l'émotionnel, je parle de celui du


Colonel Race


. Et en fait, je n'ai pas trop compris l'intérêt d'aller jusque là, même si ça permet d'offrir à Poirot une dynamique différente avec certains autres personnages. Il s'agissait d'un personnage important, peut-être dispensable, mais qui donnait à Poirot un partenaire de jeu raffiné et fiable (bon, j'ai peut-être trop son incarnation de 78 en tête).


Je pense, en réalité, que cette Mort sur le Nil est assez vaine, pas forcément mauvaise, pas forcément bonne pour autant. Quelques moments sortent du lot en bon (quand il n'y a pas de fonds verts, certains plans sont superbes, d'ailleurs) comme en mal (franchement, cette danse, j'insiste, c'est n'importe quoi).


J'espère cependant qu'on aura droit à une troisième adaptation de la part de Branagh, il garde toute ma sympathie.

Owl
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le 13 févr. 2022

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